Pathfinder Wrath of the Righteous – La Salsa du Démon

Ahhh… L’aventure. La douce excitation d’un personnage fraîchement tiré. Le poids des regards du groupe avant le jet décisif d’un double dé 20. Ces moments de bravoure hilarants et parfois gênants quand le maître du donjon perd le contrôle et commence à dire n’importe quoi. C’est ça que l’on recherche, quand on joue à un jeu de rôle papier, mais aussi, dans une moindre mesure, à un C-RPG tiré des règles OGL fondées sur la version 3.5 de Donjons et Dragons, comprendre, la version libre de droits. Le studio russe Owlcat nous avait déjà proposé une interprétation tout à fait admirable de sa licence Pathfinder avec le premier opus Kingmaker et enrichit sa série d’un titre parfaitement pompeux : La Colère des Justes. Cette mouture, qui ne nous promet rien de moins que de combattre la horde démoniaque sortie de la Plaie pour asservir le monde de Golarion, vaut-elle l’emphase de son nom? Oui, oui et mille fois oui… Zut, je vous ai raconté la fin de mon test, mais fichtre, qu’il est bon ce jeu!

 

De nouvelles races et la possibilité d’importer ses propres photos

 

Belzébuth à clics

Comme cet opus ne s’intitulait pas Pathfinder 2, je me suis d’abord dit que le jeu n’apportait qu’une campagne supplémentaire sans changement radical du point de vue du code, ce qui était déjà pour moi super cool et aurait valu un 8 d’emblée. Quelle erreur de ma part… Le jeu est plus beau et les textures font un vrai bond qualitatif. La physique est meilleure et vous procure un sentiment de puissance dégénéré lors des coups critiques. Le design de l’inventaire s’est un peu amélioré, la direction artistique vous met à genoux, bref n’en jetez plus, les devs ont bossé et cela se voit. Wrath of the Righteous vous plonge au cœur du sujet dans une scène épique avec des démons et autres créatures magiques ailées à écailles, très anciennes et qui parlent (pour ne pas les dévoiler) s’étripant joyeusement au cœur de la ville de Kenabres. Pour les connaisseurs, celle-ci se situe au nord de la World Map, entre la Plaie du Monde et Mendev. Contrairement à Kingmaker, vous ne gambaderez pas dans les environnements bucoliques des Terres Volées avec Gandoulfe, sa pipe et des bâtons de feu. Non, vous resterez bien sagement dans une ville remplie de démons tous plus vicieux et malsains les uns que les autres, et le pire, c’est que tous ne viennent pas des plans infernaux.

 

Le jeu commence par une cinématique assez épique

 

Enfer et contre tout

Je ne l’attendais pas, ce Baldur’s Gate II Shadows of Amn de la série Pathfinder. Et pourtant, cette saga le mérite tellement. Je dois dire, ce n’est pas parce que j’adore éviscérer des bêtes à cornes plus qu’un autre, mais il faut avouer que les environnements médiévaux sont fidèlement retranscrits, de manière à nous plonger dans une ambiance dont on ne ressort qu’avec difficulté. Les musiques sont très bonnes et ne lassent pas ; parfois épiques, elles permettent de rehausser ces petites cut-scenes textuelles qui laissent le champ libre à l’imagination. Sans trop d’efforts et grâce aussi à des temps de chargements réduits, on se laisse aspirer dans cet univers qui rappellera à coup sûr aux vieux de la vieille les chefs d’œuvre d’Interplay et de Bioware, et rien que cela mérite le respect.

 

Suis-je un anormal pour m’extasier devant la moindre world map style XIIIe siècle ?

 

L’amicale de Baphomet se réunira le juredi 3 Érastes sur la place du marché, venez nombreux

Pour vaincre tout ce beau monde, vous rencontrerez assez vite un set de personnages aussi hauts en couleurs que puissants. Il semblerait d’ailleurs que la difficulté ait été un peu revu à la baisse (je joue en normal, allez-y vous pouvez me cracher dessus). Les potions ne sont pas rares et les ennemis de base droppent parfois du bon stuff. Au niveau du leveling et du skilling, votre PJ pourra être encore mieux personnalisé que dans le premier opus, avec une arborescence de choix possibles qui donne tout simplement le tournis : 25 classes spécialisables chacune en 6 branches différentes, des capacités et des sorts que l’on ne compte pas, des nouveaux types d’armes, bref, « tuez comme vous êtes ». Certes, ces possibilités sont bienvenues, mais ce n’est pas là-dessus qu’on va évaluer un jeu de rôle, en définitive. n’oublions pas que la première édition de Donjons&Dragons comptait seulement quatre classes. C’est du fun que Wrath of the Righteous va tirer son épingle du jeu. Les combats sont fluides, les niveaux se parcourent d’une traite, on en veut toujours plus, l’écriture est intelligente. Pour qui s’intéresse un tant soit peu au monde de Golarion, cet épisode fera figure de friandise à consommer sans modération.

 

L’écriture et les personnages sont franchement réussis

 

Un bas-relief sans faille, ou presque

C’est le paragraphe, le damné paragraphe, où je vais devoir rendre des comptes objectifs à ma rédac’chef. Y-a-t’il des défauts dans ce jeu? Eh bien oui, mais si peu, si peu… Les environnements incendiés font ramer le PC, mais rien qu’un bon patch des six mois ne saurait corriger. Dans mon premier donjon, j’ai tourné pendant une heure en cherchant à ouvrir une porte car je n’avais pas ramassé un parchemin qui déclenchait un évènement du journal des quêtes, mais quel studio n’a jamais mis ce genre de saloperie dans l’un de ses jeux? La progression est un chouïa trop facile, mais quel rôliste n’a jamais enragé devant l’impossibilité de faire certaines salles en début de campagne? Tout est fait pour que le joueur soit dans un bon bain bien chaud avec ses charentaises en sus dans un vocabulaire et un système qu’il connaît par cœur depuis plus de vingt ans, mais dieu que c’est bon…

 

 

Si Wrath of the Righteous ne révolutionne pas le genre (et pourquoi le ferait-on, d’ailleurs?), il sublime les saveurs du jeu de rôles PC en poussant les paramètres au max, en racontant sans ennuyer, en punissant sans dégoûter, en donnant du stuff sans nous gaver. Owlcat passe un grand cap qualitatif dans sa licence et les joueurs s’y retrouvent puisque nous apprenons dans l’oreillette que Wrath of the Righteous s’est déjà écoulé à plus de 250 000 exemplaires. Alors, je suis doublement heureux. D’une part, parce que cela va filer plein de blé à Owlcat qui vont certainement nous pondre un troisième épisode encore plus dantesque. D’autre part, parce que j’espère que ce succès donnera des idées à d’autres studios tout aussi talentueux et les incitera à nous livrer leur interprétation du jeu de rôles old-school pour les décennies à venir. Et rien que pour cela, j’ai envie de pleurer, putain…

 

Note : 9/10

 

Test réalisé par Tardigrade l’ermite du Bien sur une version de test Steam.

Catégorie : C-RPG old-school bourré d’amphétamines

Plateformes : Maintenant sur PC, Xbox et PS4 en mars 2022

Langues : Français, allemand, anglais, espagnol, russe pour le texte, doublages en anglais

Taille sur le disque : 50 Go

Date de publication: 2 septembre 2021 sur Steam

Développeur : Owlcat Games

Éditeur : Owlcat Games et META Publishing

Disponible en téléchargement

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