L’Apocalypse selon Godzilla. Le Japon et ses Monstres, un livre Third Editions incontournable pour les amateurs du Japon

L’Apocalypse selon Godzilla. Le Japon et ses Monstres

Je ne me souviens plus trop du jour, mais c’était en 1997, j’avais 20 piges et j’avais dans les mains la K7 de Godzilla, grâce à Christophe Gans et HK Vidéo qui avait fait le pari osé de proposer enfin, l’édition originale de 1954 et réalisé par Ishirō Honda. J’avais en quelque sorte une forme de graal, un film culte dont on ne connaissait que trop peu l’histoire, la génèse, ce que c’était réellement.

Notre génération connait forcément Godzilla – du moins de nom – la bête destructrice réveillée par l’Homme et sa folie militaire. Cette bête qui symbolise tout un peuple, tout un pays traumatisé par les bombardements atomiques.
Mais finalement on ne sait pas trop ce qu’est vraiment Godzilla, du moins d’où il vient, quels sont ses créateurs, ses géniteurs, celui et ceux qui lui ont donné vie et qui en on fait le monstre le plus connu de la planète. Car si aujourd’hui on pense évidemment avant tout au Godzilla de Emmerich, pure production Américaine et aux reboots des Studios Legendary, Godzilla a eu une vie mouvementée avant, il y a bien longtemps au Japon, et c’est ce dont parle ce magnifique livre écrit à deux mains (ou quatre, si les auteurs sont ambidextres) Nicolas Deneschau et Thomas Giorgetti.

Le premier vous le connaissez, il a écrit l’un des (si ce n’est le) meilleur livre consacré à un jeu vidéo, Les Mystères de Monkey Island (Ndlr : décidemment entre Monkey Island, Skull Island et l’île Odo il n’y a qu’un pas) paru également chez Third Edition, quant au second, travaillant sur Geekzone.fr il fait ses premières armes pour l’éditeur dans ce livre.


Pour revenir au Godzilla, ou plutôt Gojira de 1954, je dois dire que j’avais bien compris qu’à l’époque le film de la Toho était résolument une production politique qui se voulait être un message anti militariste. Mais de ses suites, pour moi c’était juste un bon filon pour faire rentrer les Yen par millions dans les caisses du studio, avec un héro défenseur du Pays du soleil levant qui affronte d’autres monstres et basta. Il faut dire que les autres films de l’ère Showa (et les autres d’ailleurs) ne sont jamais arrivés (ou presque) jusqu’à nous et que l’on ne garde qu’en mémoire des titres de films plus excitants les uns que les autres, sans se douter que finalement le méchant (le plus souvent) et bien c’est Godzilla lui-même.

Le livre de Nicolas et Thomas débute naturellement avec un petit cours d’histoire sur le Japon. Je ne vous cache pas que cette première partie est digne de l’émission ‘Le dessous des Cartes’. Très intéressante et qui m’a appris énormément de choses sur ce pays avant le seconde guerre mondiale, cette partie a le mérite de poser les bases et d’expliquer pourquoi il est si particulier. On y parle aussi de l’effroyable Hiroshima et de Nagasaki, de Einstein qui très tôt avait mis en garde sur l’utilisation de sa découverte etc…

Ce qui ressort de la lecture du bouquin et qui m’a vraiment surpris, voir marqué, ce sont ces prises de positions politiques, écologiques et sociales des films Godzilla Japonais. J’ai vraiment été très surpris que dans ce pays que l’on voit ici comme très conservateur, très silencieux, très patriarcal, une telle liberté de parole soit ainsi possible et cela dès 1954.
Je m’étonne même que certains films puissent parler d’écologie alors que nous ne sommes que dans les années 60. Idem pour la mise en avant des rôles principaux donnés aux femmes : des messages voulant casser la domination des hommes dans le pays, prouvant que la gente féminine était elle aussi capable d’actions héroïques.
L’évolution des thèmes abordés suit elle aussi l’évolution des mœurs et des peurs du pays. L’écologie donc avec l’industrialisation, le patriarcat également, mais aussi la science, l’économie, le consumérisme, ou bien encore la xénophobie. Toutes les angoisses du pays sont retranscrites dans Godzilla, qui représente finalement les névroses d’une société japonaise toujours inquiète quant à son avenir.

Parlons également de l’aspect technique des films qui au fil des années a su se moderniser malgré des budgets souvent faméliques face aux productions Américaines. La faculté d’adaptation est vraiment incroyable. La créativité également puisqu’hormis les costumes à inventer, les décors à l’échelle, il a aussi fallu filmer avec les moyens du bord et des techniques nouvelles. Je pense évidemment au suitmotion (homme en costume), aux maquettes faites de bric et de broc. La musique est également importante dans Gojira puis Godzilla et les auteurs ne vont bien évidemment pas omettre ce sujet.
On s’étonnera encore dans le livre de découvrir des liens entre Les 7 Samouraïs, Final Fantasy et d’autres avec le Roi des Monstres. Des liens toujours importants qui ont fait ce que le croisement entre Gorille et Baleine (Gorira et Kujira) est ce qu’il est aujourd’hui.
Peut-on regretter ce qu’il est devenu en passant sous le giron Legendary surement car il semble respecter au mieux ce qu’il était auparavant ? Certainement pas.


Après la première partie qui traite de l’histoire du Japon, les deux auteurs avancent chapitre après chapitre, film après film en nous proposant un focus absolument titanesque. Il nous est ainsi présenté, comment les réalisateurs ont travaillé, comment les idées sont arrivées (ou ont été rejetées), avec quels acteurs, les moyens qui ont été mis en place pour créer les environnements, les monstres, le travail sur les musiques, également les retours du public mais surtout le synopsis ou résumé de tous les films du Roi des Monstres. Sans doute un travail pour un résultat – qui s’il ne s’identifie pas à une véritable encyclopédie – monstrueux. Et je ne vous parle pas de quelques anecdotes de dingue comme celle de Pulgasari…
Vous l’avez compris, je ne me tarirai pas d’éloge concernant ce livre.
J’ai pris mon pied !

L’apocalypse selon Godzilla parle aussi du Godzilla de 1998, mais également de ses dernières péripéties avec Legendary. Pour moi qui n’ai pas vu ces films depuis la création du Monsterverse, ayant peur d’assister à un naufrage digne de série Z, j’avoue que la lecture du bouquin m’a fait changer d’avis.

A l’annonce de la sortie du livre j’ai voulu me replonger dans le premier opus de la série avec ma chère K7 vidéo, malheureusement introuvable, découvrant alors l’existence d’autres Godzilla dans la même série… Alors j’ai voulu me reporter sur des DVD/Blu-Ray sur un site bien connu qui commence par un A, mais la désillusion fût grande. Il a fallut que le livre me signale page 130 qu’il n’existait rien en VOST et encore moins en VF. A part me tourner vers des éditions Américaines ou celles de la Toho, c’est bel et bien foutu !!!
La faute à la France, qui malgré la découverte de la bête en 1957 dans une salle parisienne n’a pas véritablement donnée suite à la chose, avec au mieux un irrespect total de la chronologie dans les années 70. C’est cruel !
Du coup, j’ai moi aussi la rage tel Gojira lui-même, avec l’envie de tout exploser à coup de rayon atomique ! Graou ! (oui là comme ça, ça ne fait pas vraiment peur j’avoue, pourtant vous verriez mon visage !) Enfin bref !!


L’apocalypse selon Godzilla est un livre vraiment très intéressant. Les auteurs ont réalisé un travail colossal qui sans vouloir être une encyclopédie dévoile un résultat monstrueux. De plus il se lit très facilement !
Si vous êtes fans du monstre vous ne pouvez pas hésiter. Egalement, si vous êtes grands amateurs du Japon, il vous faut aussi lire ce livre car l’histoire de Godzilla est un tout qui englobe le Japon et les Japonais.
Après cette lecture, une question me vient à l’esprit. Godzilla est clairement une Pop Star, c’est désormais certain, mais il est aussi malgré lui ou non, un symbole. Et est-il du fait le plus grand symbole du Pays du Soleil levant ? Même devant Mario ?


Livre offert par l’éditeur
Retrouvez également cette critique sur Raoul Le Blog – Le Chat qui ne caresse pas dans le sens du poil.

Les auteurs

Nicolas Deneschau

Thomas Giorgetti

Description de l’ouvrage par Third Editions

La première vision du Godzilla de 1954, réalisé par Ishirō Honda et Eiji Tsuburaya, s’avère souvent déroutante. Bien loin de l’image pop qu’il véhicule aujourd’hui, le Roi des Monstres incarnait, à ses débuts, la somme de toutes les peurs du Japon.

La série est l’une des licences les plus prolifiques de l’histoire du cinéma. De 1954 à nos jours, chaque film a porté les stigmates de son époque, faisant de Godzilla un précieux témoin historique du mal-être de son pays d’adoption. De témoin apocalyptique à icône pop destinée aux plus jeunes, le monstre a évolué au fil des tendances, s’aventurant dans divers genres cinématographiques, mais il n’en a pas moins gardé un sous-texte éminemment politique et social.

Dans L’Apocalypse selon Godzilla. Le Japon et ses monstres, Nicolas Deneschau et Thomas Giorgetti décortiquent cette franchise qui s’est réinventée à de nombreuses reprises. Cet ouvrage analytique, qui s’intéresse autant aux coulisses des longsmétrages qu’aux thématiques sociétales liées à l’histoire du Japon, ravira les néophytes comme les fans les plus exigeants.

Collection : Cinéma & Séries

Pages : 312
Format : 16 x 24 cm
Couverture : Cartonnée – Illustration de Christopher Shy

L’Apocalypse selon Godzilla. Le Japon et ses monstres – Third Editions

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