Lecture : Les légendes Xenogears & Xenosaga – Monolithes brisés
La France est probablement le pays dans le monde qui produit le plus de livres sur l’Histoire de notre média préféré, le jeu vidéo. Si cela est plutôt une bonne nouvelle pour la mémoire du jeu vidéo, le lecteur peut se sentir perdu face à de nombreux ouvrages tournant souvent autour des mêmes grandes licences ou des consoles grands publics. Souvent, ce sont des livres intéressants mais qui ressemblent à un catalogue où l’on ne ressent pas toujours la passion de l’auteur.
Quand Third Éditions sort un livre sur l’un des plus grands J-RPG du jeu vidéo, on ne peut être que content de cette prise de risque dans un premier temps. Si Xenogears, et dans une bien moindre mesure les Xenosaga, ont une communauté de passionnés, le grand public français n’a jamais mis la main sur ces œuvres de Tetsuya Takahashi et Kaori Tanaka. Dans un second temps, j’ai toujours un peu peur d’avoir un de ces livres « catalogue » qui respire le travail bien fait mais aucunement une réelle passion. Ne vous inquiétez pas fans des Xeno et amateurs de l’Histoire du J-RPG, le livre « Les Légendes Xenogears & Xenosaga : monolithes brisés » de Third Éditions respire la passion ET le travail bien fait.
Les légendes Xenogears & Xenosaga – Monolithes brisés
Outre le fait que le livre revient avec précision sur le développement du jeu et de sa place particulière au sein de l’entreprise Squaresoft (un Squaresoft pensant uniquement à sa saga phare Final Fantasy), ce qui m’a fasciné en tant que lecteur et fan de Xenogears est la place des artisans à l’origine de ce qu’on appelait en interne le « Ura Final Fantasy VII » (le « sombre Final Fantasy VII). L’auteur, Charles De Clercq, prend le temps de nous décrire et nous expliquer les motivations des créateurs de Xenogears et ensuite de Xenosaga. Ce n’est pas seulement un regard sur leurs jeunesses qui expliqueraient leurs motivations sur Xenogears (procédé un peu facile mais pas dénué totalement d’intérêt) mais aussi comment Tetsuya Takahashi et Kaori Tanaka, les créateurs de Xenogears, forgent leurs réflexions par rapport à leurs idées mais aussi aux différents changements qui s’opèrent dans l’industrie vidéoludique à ce moment (l’arrivée de la 3D et sa difficile transition) et au sein de l’entreprise (un Squaresoft complétement paralysé sur le plan créatif). Nous avons l’impression de suivre, de manière plutôt claire, le cheminement créatif qui aboutira à la création de Monolith Soft.
C’est également l’occasion de se rappeler des noms importants de l’Histoire du jeu vidéo japonais mais malheureusement un peu oublié aujourd’hui. Charles De Clercq ne peut parler de Xenogears ou de Xenosaga sans évoquer des personnes importantes comme Hiromichi Tanaka (game designer sur les premiers FF puis producteur sur des jeux comme Secret Of Mana, Chrono Cross et…Xenogears), Masato Kato (scénariste sur Xenogears mais également de Final Fantasy VII). C’est toujours un plaisir de lire leurs noms et de savoir pourquoi une personne comme Hiromichi Tanaka, personne bien établie chez Squaresoft à l’époque, décide de soutenir le projet de Tetsuya Takahashi. On vous laisse le découvrir dans le livre.
Personnellement, le point que j’ai trouvé intéressant car complément profane en la matière porte sur la localisation de Xenogears. Comme vous le savez, Xenogears n’a pas eu le droit a une traduction française mais seulement anglaise. Cette traduction anglaise est quasiment l’œuvre d’un seul homme, Richard Honeywood (il signe la préface du livre d’ailleurs). L’auteur nous explique comment elle s’est faite à travers des contraintes techniques et de temps. Certes, vous vous dites que ce n’est pas très important mais ayant acheté le jeu en import à l’époque, cela me fait me replonger dans mes heures perdues à essayer de comprendre des mots qui m’étaient encore inconnus. Les temps ont bien changé quand on voit que des jeux comme Persona 5 (l’édition Royal) a eu le droit à une traduction française.
Une présentation exhaustive de la saga Xenogears
Il est vrai que je m’attarde beaucoup sur certains points sans vraiment faire une liste exhaustive des sujets abordés. Ne vous inquiétez pas, tout sur Xenogears ou Xenosaga est dans le livre. La musique, les thèmes, le scénario, les communautés internet autour de Xenogears, la création de Monolithe Soft, les espoirs et les désillusions… Tout y est ! C’est un réel plaisir de se replonger dans cette époque PS1/PS2 où tous les rêves créatifs semblaient encore possibles.
Pour finir, voici une petite madeleine de Proust pour tous les fans de Xenogears, son introduction en animation. Elle fut faite, ainsi que les autres scènes animées, par le Studio Deen (OAVs des Patlabor ou encore Kenshin le Vagabond). Elle m’avait marqué à l’époque par sa qualité et cette manière de mettre rapidement dans le bain le joueur que j’étais (même si je ne comprenais qu’un mot sur cinq). On savait dès ce moment là que l’on allait jouer à un jeu très particulier.
A la lecture de mes quelques lignes sur le livre de Charles « Kadmony » De Clercq, vous aurez compris que c’est un « must-have » pour tous les fans de J-RPG et surtout aux fans de Xenogears et des Xenosaga. Avec une passion communicative, l’auteur nous replonge durant nos jeunes années où l’on émettait des hypothèses farfelues sur Xenogears. Il arrive parfaitement à cerner tous les enjeux que le projet Xenogears de Tetsuya Takahashi, Kaori Tanaka et d’autres, portait en lui (nouvelles méthodes pour produire un jeu, des thématiques plus fortes que la série phare Final Fantasy, des espoirs vidéoludiques pour le futur) et comment tous ces enjeux n’ont pu être concrétisés entièrement après le départ de Squaresoft d’une partie de l’équipe.
Pour ceux qui n’ont jamais joué aux jeux, vous comprendrez avec ce livre pourquoi les Xenogears et les Xenosaga sont des jeux, à défaut d’être parfaits, exceptionnels. Cela vous donnera même peut-être envie de vous plonger dans Xenogears qui bénéficie aujourd’hui d’une traduction non-officielle française de très bonne qualité. En attendant, le livre de Third Editions mérite qu’on lui octroie quelques bonnes heures de lecture. C’est mérité !
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Description de l’ouvrage par Third Éditions
Dans le monde des jeux de rôle japonais, Xenogears possède une aura hors norme. Réputé pour l’ampleur de son épopée, la profondeur de ses thèmes ainsi que son univers singulier à mi-chemin entre la science-fiction et la fantasy, il demeure une œuvre de coeur pour de nombreux joueurs. Son successeur spirituel, la trilogie Xenosaga, a connu bien des déboires, au point de s’arrêter prématurément. Pourtant, les ambitions de ce space opera étaient similaires, si ce n’est plus importantes encore, à celles de Xenogears. Conjuguant philosophie, religion, psychanalyse et histoire de l’humanité dans un écrin pop culturel typiquement japonais, Xenogears et Xenosaga comptent parmi les récits vidéoludiques les plus fascinants jamais produits.
Avec Les Légendes Xenogears & Xenosaga. Monolithes brisés, Charles « Kadmony » De Clercq leur rend un hommage passionné, décortiquant les détails de leur développement, les arcanes de leur univers, les subtilités de leurs thématiques ainsi que leurs musiques inoubliables. Une exploration unique des méandres de ces monuments fêlés de la science-fiction, sertie d’une préface de Richard Honeywood, traducteur de la version anglaise de Xenogears.
Pages : 368
Format : 160 x 240 mm
Couverture : Cartonnée – Illustration de Marion Millier
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