Dragon’s Dogma II – Le test sur PS5

DRAGON’S DOGMA II

Il a fallu plus de dix années pour que la franchise Dragon’s Dogma puisse revenir sur le devant de la scène. Un temps de gestation salvateur qui permet d’assumer pleinement tout ce que le jeu de 2012 avait entrepris en son temps. Dragon’s Dogma II, malgré de gros défauts évidents, c’est tout simplement l’aboutissement d’une formule.

Dragon’s Dogma II – Le trailer de lancement

L’AVENTURE AVEC UN GRAND A

L’insurgé, c’est ce que nous sommes ! Un ou une élu·e dont le cœur a été arraché par un gigantesque dragon. D’une certaine manière, on tombe déjà dans les poncifs de l’heroic fantasy, ceux que l’on ne peut plus voir en couleur depuis une bonne décennie. Mais Dragon’s Dogma II n’y va pas avec le dos de la cuillère : notre personnage, conçu de la tête aux pieds par nos soins – grâce à un outil particulièrement complet –, est doublé d’un mutisme et d’un trouble de la mémoire. Autrement dit, l’entrée en matière est plus que délicate, tant Dragon’s Dogma II régurgite maladroitement tous les artifices maintes fois éculés par le genre. L’avantage, c’est que cette introduction pour le moins maladroite est vite balayée pour laisser place au voyage, à l’aventure avec un grand A.

Le monde de Dragon’s Dogma II s’étend sur deux grands royaumes : Vermund et Battahl. Une fois l’introduction passée, ces deux contrées, tantôt verdoyantes, tantôt désertiques, s’ouvrent à nous, pour accueillir nos longues promenades. Ces dernières occupent vraiment la majeure partie du jeu. Une philosophie similaire à ce que propose un certain Red Dead Redemption II est alors adoptée : le rythme est lent, très lent même, afin de permettre la contemplation et de mettre l’accent sur l’exploration. Aller d’un point A à un point B peut prendre plusieurs dizaines de minutes et pour renforcer l’impressionner de s’adonner à de véritables randonnées, le poids de notre besace influe sur la vitesse de déplacement de notre héros ou héroïne, les chemins sinueux et les routes escarpées peuvent le faire tituber, perdre ses appuies, tandis que l’effort se fait sentir lorsqu’il ou elle escalade une petite colline.

Ces trajets sont aussi l’occasion rêvée pour se perdre, s’éloigner des sentiers battus : des moments d’égarements régulièrement récompensés. Dragon’s Dogma II fait sans cesse appel à la curiosité, et s’aventurer dans une grotte, dans une sombre forêt, grimper en haut d’une montagne, n’est jamais vain. Souvent, c’est l’occasion d’y découvrir un coffre rempli de potions, de repartir avec une arme surpuissante ou de sauver des gardes, pris d’assaut par un griffon plus que malintentionné.

SLASH’N’SLASH

Sur la route, mieux vaut être bien préparé se munir de quelques potions, ainsi que d’un kit de campement pour être sûr de bien récupérer « endurance » et « vitalité » entre deux combats ; une dimension survie bienvenue qui accentue grandement l’immersion. Parce que oui, dans Dragon’s Dogma II, les dangers sont multiples… Peut-être un peu trop. De nombreux gobelins et autres bandits – surtout quand vient la nuit – occupent les routes, tendent des embuscades et s’emparent de chaque lieu en marge des sentiers. Mais à la longue, faire couler le sang, empaler à répétitions de faibles gobelins devient lassant, surtout que l’intérêt de Dragon’s Dogma II se situe évidemment ailleurs.

Dragon’s Dogma II aurait dû limiter ses séquences d’action pour mettre toujours plus l’emphase sur la contemplation, la découverte et pour faire grandir son univers : difficile de croire en ce monde où les monstres sont plus nombreux que les humains et où les villes sont finalement les seuls lieux où l’on peut se balader sereinement. À l’image d’un Shadow of the Colossus, le RPG aurait dû se suffire des seuls « vrai » affrontements, ceux contre de gigantesques bêtes, pour les rendre plus uniques encore, puisque c’est vraiment là tout l’intérêt du soft. Faire face à un dragon de trente mètres de haut, s’agripper à lui puis prolonger le combat dans les airs à évidemment quelque chose de grisant, d’unique, de majestueux. Comme dans un Monster Hunter : World, on veut être dans la peau de ce chasseur, de cette chasseuse, à la recherche de la bête rare, et non, être constamment appelé pour combattre des monstres anecdotiques. On souhaite que les balades en soient réellement pour nous amener lentement mais sûrement sur une magnifique récompense, une bataille épique avec une sirène hideuse ou un cyclope gigantesque.

L’UNION FAIT LA FORCE

Dragon’s Dogma II est une expérience pour joueurs et joueuses solitaires. Malgré tout, le jeu est une aventure presque familiale où l’on est sans cesse accompagné : parfois de guerrier·e·s à qui l’on vient en aide pour une quête, généralement – pour ne pas dire tout le temps – de trois compagnons fidèles, des Pions. Et c’est agréable, après un long combat et quand vient la nuit, de se reposer au coin du feu, en leur compagnie, pour manger un bout et écouter leurs petites histoires. Lors des combats, ils et elles sont également indispensables, viennent en aide quand c’est nécessaire, nous relèvent en cas de coup dur, sautent, à l’image de notre personnage, sur les monstres pour les pourfendre de leurs lames acérées. La magie opère ! Surtout que tout comme l’élu·e, les Pions apprennent sur le tard, ils et elles gagnent en puissance et décèlent les forces et faiblesses des différentes bestioles. Rapidement, un archer conseille de frapper dans le genou d’un ogre, pour le faire tituber, puis une guerrière, après les indications du premier écoutées, prend l’initiative d’attraper les grosses pattes de la bête pour la faire tomber. De là s’en suit un acharnement pour le moins sanglant.

Le système des Pions est malgré tout perfectible. Il est aussi bien possible de récupérer le Pion d’un autre joueur ou joueuse, que d’en créer a envie. Autrement dit, ils sont interchangeables et sans réelle personnalité, empêchant ainsi tout attachement, à l’inverse de ce que propose Dragon Age : Inquisition et ses personnages secondaires tous parfaitement définies. Ce manque de personnalité ne les empêche pas pour autant d’être extrêmement bavards, et à l’instar de l’insupportable Atreus dans God of War : Ragnarok, de nous mâcher constamment le travail. Il n’est pas rare d’arriver dans une zone, et qu’un des compagnons indique qu’un coffre – qui n’est même pas dans notre champ de vision – se trouve dans les parages et qu’un autre bousille toute la faune et flore des environs. L’aspect contemplation, presque bucolique, en prend alors un sacré coup.


Dragon’s Dogma II est une expérience qui, bien souvent, coupe le souffle, transporte grâce à de nombreux moments de bravoure, comme ces randonnées interminables qui nous font saisir toute la démesure du monde et la puissance de ces combats. Malheureusement, et sûrement par peur de perdre la majeure partie des joueurs et des joueuses, le titre sabote volontairement ces deux aspects en remplissant l’univers de petites bestioles à combattre, qui tente vainement de rythmer l’aventure. Malgré tout, on ne peut que vous conseiller de vous essayer à l’expérience, au moins pour découvrir ces affrontements contre dragons et griffons pour le moins épiques.

7/10

 

Test réalisé par Jerome Joffard, merci à l’éditeur pour la copie fournie.

Catégories : RPG

Plateformes : PC, PS5, Xbox Series

PEGI : 18+

Langues : Textes et Voix en Français

Date de publication : 21/03/2024

  Développeur et Éditeur : Capcom

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