The Medium – le test sur PS5

The Medium

Autrefois présenté comme une exclusivité de la Xbox, The Medium du studio polonais Bloober Team (Layer Fear) arrive aujourd’hui sur la console de Sony, la PS5. Ce jeu, communément considéré comme un survival-horror psychologique, a eu une résonnance dans les médias dûe à des accointances avec Silent Hill. Akira Yamaoka, compositeur de la série des Silent Hill, travaille sur The Medium et des rumeurs disent tout simplement que le studio polonais s’occupera du prochain Silent Hill.
Cependant, il ne suffit pas d’avoir la patine d’un Silent Hill pour en toucher l’excellence et surtout il faut savoir garder sa propre identité pour éviter de plagier ses aînés. Est-ce que The Medium réussit ce pari ? Est-ce que le jeu arrive à s’extirper de cette image que les médias ont voulu lui coller? La réponse est oui. The Medium est un jeu avec sa propre identité. Malgré tout, après moins d’une dizaine d’heures de jeu et l’écran de fin pointant le bout de son nez, il faut se rendre à l’évidence : The Medium est bien loin de toucher à l’excellence.

 

Histoire, narration et ambiance :

Il est difficile de parler de l’histoire quand celle-ci prend une place prépondérante. Pour faire simple et éviter les spoilers, elle prend place à la fin des années 90 en Pologne. Marianne semble, depuis son jeune âge, naviguer entre le monde terrestre et le monde spirituel. Elle aide les morts à partir paisiblement et leur évite ainsi de rester sur Terre en traînant leurs émotions les plus noires derrière eux. Malheureusement, cette vie relativement « tranquille » prend fin le jour où elle reçoit un mystérieux appel d’un certain Thomas.  Ce dernier lui demande de le rejoindre à Niwa, une ancienne station balnéaire abandonnée où un massacre a eu lieu plusieurs années auparavant. Pourquoi Marianne décide d’y aller ? Tout simplement parce que Thomas semble savoir beaucoup de choses, notamment à propos du rêve qu’elle fait toutes les nuits : le meurtre d’une jeune fille près d’un lac…
Sur ce pitch de départ très mystérieux et plutôt vendeur, la Bloober Team parvient à nous narrer une histoire intéressante où se mêle l’Histoire de la Pologne à celle de Marianne. On suit avec plaisir et horreur le périple de la jeune femme dans Niwa en cherchant à comprendre – tout comme elle – pourquoi elle se trouve ici et pourquoi le lieu lui parait aussi familier. Dans un premier temps, le studio polonais parvient à capter l’attention du joueur par une mise en scène plutôt classique pour le genre mais efficace. De plus, il n’est pas uniquement question de créatures de l’au-delà. The Medium peut aborder des thèmes très durs, que je ne peux vous révéler dans ce test, sous peine de vous « gâcher » la surprise de certains évènements. Mais, pour faire simple, le monde dépeint dans The Medium n’a vraiment rien de réjouissant.
Malheureusement, à la fin de The Medium, on réalise que le jeu n’a fait qu’effleurer son potentiel horrifique/malsain, comme cela se laissait pressentir au début du jeu. Avant même de commencer l’aventure, le studio polonais prévient que le jeu aborde des thèmes difficiles mais qu’il ne cherche à offenser personne. Cela peut donner l’impression que l’équipe se bride dès le départ. De plus, malgré une ambiance relativement réussie dans Niwa, grâce à des jeux de lumières impressionnants et un sound design impeccable, l’ensemble du jeu a un côté propre contrairement à la référence qu’est Silent Hill où chaque pièce transpirait – parfois littéralement – le sang, la mort ou une folie dormante. Dans The Medium, on ne ressent rien de tout ça. Il est vrai qu’il y parfois un peu de sang sur les murs ou des salles dans un piteux état mais rien ne respire réellement le vécu. La narration environnementale a un côté scolaire qui fait qu’on n’y croit jamais vraiment. Ce constat se ressent également dans le monde de l’au-delà. Ne vous y trompez pas, sur le plan artistique, The Medium est irréprochable. Il y a une réelle patte que vous ne verrez pas ailleurs, mais à aucun moment le jeu nous a vraiment mis mal à l’aise par son univers. Nous nous sommes jamais dit « C’est trop pour moi. Je vais peut-être faire une pause et allumer la lumière. »
Cependant, si le côté horrifique/malsain ne convainc pas, c’est aussi parce que le jeu est extrêmement bavard (dans la deuxième partie du jeu essentiellement) et cherche à complexifier inutilement son récit. Quand on intellectualise – et donc rationnalise – chaque partie du scénario, on perd forcément la peur viscérale que nous étions en droit d’attendre sur un tel projet.

L’histoire c’est bien joli joli, mais cela ne donne pas vraiment une idée de ce qu’est le gameplay de The Medium. Dès le départ, le jeu de la Bloober Team a été présenté comme un jeu d’exploration/aventure dans lequel il faudra alterner entre le monde réel et le monde de l’au-delà. Par conséquent, Marianne devra continuellement alterner entre les deux mondes pour pouvoir avancer dans Niwa. Vous êtes bloqués dans le monde réel ? Il faudra trouver le moyen d’avancer en dirigeant Marianne dans le monde de l’au-delà. Il y a donc des petits puzzles pas bien difficiles à résoudre mais qui prennent bien en compte les pouvoirs de Marianne. Par exemple, au tout début de l’aventure, l’ascenseur dans le monde réel ne fonctionne pas faute d’électricité. Il faudra alors contrôler uniquement Marianne dans le monde de l’au-delà, trouver une source d’énergie pour ensuite pouvoir alimenter l’ascenseur et continuer l’aventure.
Cependant, le gameplay ne s’arrête pas là. Pour pimenter l’ensemble, The Medium possède son propre Mister X (Resident Evil 2) ou Némesis (Resident Evil 3). Un monstre venant de l’au-delà se mettra à poursuivre Marianne aussi bien dans le monde terrestre que dans le monde de l’au-delà. Cela donne lieu à des courses-poursuites un poil stressante où on sentirait presque le souffle du monstre sur notre nuque. Cependant, ces parties de cache-cache rappellent aussi ce que l’on n’aime pas trop voir dans un jeu vidéo. Dans ces séquences où il faut réussir à passer derrière le dos de l’ennemi, Marianne devra se cacher derrière des caisses ou des meubles en retenant sa respiration pour ne pas se faire tuer instantanément par le monstre. Ces séquences se révèlent peu intéressantes à jouer car scriptées. Le moindre mauvais pas et c’est le game over instantané. Cela montre bien l’aspect daté des mécaniques de gameplay du jeu. Heureusement, ces séquences sont rares.

Concernant le portage de The Medium sur PS5, la Bloober Team en a profité pour ajouter quelques fonctionnalités grâce à la manette de Sony, la Dual Sense. Dans le but de rendre le jeu plus immersif, les vibrations sont précises grâce aux retours haptiques et les gâchettes sont adaptatives selon la situation. Par exemple, quand des papillons du monde de l’au-delà vous attaqueront, vous sentirez précisément chaque papillon se heurter à Marianne. Honnêtement, dans le feu de l’action, on se rend à peine compte de cette « feature ».
De plus, The Medium propose du motion control dans certaines situations en utilisant le gyroscope de la manette. Pour faire bref, il est possible de bouger la caméra avec la manette seulement et non avec le joystick. Une nouvelle fois, cette fonctionnalité ne changera pas votre expérience de jeu mais permet un certain confort.

The Medium reste le jeu d’un studio relativement petit avec un budget d’un AA. Il ne faut donc pas s’attendre à avoir LA baffe graphique de la next-gen. Néanmoins, le titre s’en sort très bien dans ces jeux de lumières absolument saisissants de réalisme et certains décors sublimes. Malgré tout, The Medium a quelques lacunes notamment quand on se met à regarder de plus près les personnages. Ils sont loin d’être irréprochables avec des textures pas toujours très agréables à regarder. Ce sentiment est probablement accentué par le fait que les animations datent un peu.
Si ce constat peut paraître dur, The Medium reste – dans l’ensemble – un jeu agréable à regarder. On ne peut être qu’un peu déçu de ne pas toujours voir une réelle différence avec la génération précédente. De plus, sur le plan de la technique pure, le jeu accuse le coup avec du popping léger mais bien présent notamment dans les séquences se déroulant à l’extérieur.
En revanche, là où le jeu fait très fort, c’est sur le sound design. Je l’ai évoqué un peu plus haut mais il est utile de le répéter : le sound design est extraordinaire. Le moindre bruit, murmure, pas, soupirs, cris est parfaitement rendu et spatialisé. C’est un véritable bonheur de mettre le casque (c’est fortement conseillé par le studio) et d’entendre parfaitement l’environnement ambiant. Pour les plus froussards, ce sera un supplice d’entendre à côté un bruit qui peut paraître suspect. Est-ce le monstre ? Mon imagination ? Sur ce point-là, il n’y a rien à redire. C’est parfait.
Concernant la bande-son du jeu composée par Akira Yamaoka et Arkadiusz Reikowski (Layers of Fear, Blair Witch), elle colle parfaitement à l’esprit général du jeu sans être brillante. Pourtant, par moments, la musique frôle le génie avec des pistes comme « Outside Niwa » qui rappellerait presque les meilleures heures de Silent Hill.

The Medium est un jeu qui a dû mal à s’approcher de l’excellence de ses inspirations. Pourtant, des bases solides sont là. L’histoire se suit bien. Artistiquement, le jeu a une patte intéressante. La musique et le sound design sont époustouflants. Malheureusement, l’ensemble est trop scolaire, trop propre pour faire de The Medium un jeu plus que « sympa », un jeu dont on se souviendra ne serait-ce que dans un an. Dommage.

Note : 6/10

 

Catégories : Aventure, survival-horror

Plateformes : Playstation 5, Xbox OneSéries, PC.

Langues : Français, Allemand, Espagnol, Italien, Chinois, Polonais, Russe, Portugais

Voix : Anglais

Taille : 30 Go

Date de publication : 03/09/ 2021

  Développeur : Bloober Team

Éditeur : Koei Tecmo

Disponible en boîte et téléchargement

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *