Test : Weird West – Le chaînon manquant ?
Je n’ai pas mis longtemps pour me décider à écrire ce test. D’abord parce que le jeu m’a visuellement plus très vite, au détour d’un stream offert par les développeurs sur Steam. Ensuite, parce qu’il est disponible sur le PC Game Pass, donc accessible presque immédiatement. Enfin, parce que j’avais beaucoup de choses à dire sur Weird West.
C’est le coup de gong du King, bong
D’abord, c’est un titre développé par un studio tout neuf, donc un premier jeu. Enfin, pas tout à fait, puisque le studio de développement Wolfeye a été fondé par des anciens d’Arkane (la série des Dishonored) donc des gens qui connaissent un peu leur sujet. Malgré tout, en tant que jeu de lancement, c’est quand même une dinguerie, et nous allons voir pourquoi, point par point.
Au niveau de l’ambiance, premièrement, et du théâtre d’opération, c’est déjà fantastibuleux. Vous voyez le comic strip American Vampire, de Scott Snyder avec la participation de Stephen King ? Eh bien, vous faites un jeu vidéo avec tout ça. Weird West prend ses sources dans un Far West fantasmé, où les truands et autres hors-la-loi côtoient sans problème vampires, loups-garous et autres créatures tirées d’un bestiaire que ne renierait pas Andrzej Sapkowski. Et cela fonctionne très bien, grâce à une écriture propre et sans bavure.
Le mélange Far West et monstres dégueus fonctionne plutôt bien
L’éditeur fou qui ne produit jamais de daubes
Niveau graphismes et direction artistique, le jeu n’enfile pas les polygones comme un macramé, mais en conséquence tourne parfaitement sur n’importe quel PC à peu près potable. Le cel shading baveux avec un effet crado colle parfaitement avec l’ambiance un peu bâtarde de ce Far West alternatif, et vous transportera sans difficulté dans un univers original qu’il est très plaisant d’explorer. La bande-son aide également beaucoup, et on sent la patte Devolver avec des thèmes dissonants et dérangeants, comme si Ennio Morricone avait fait un enfant caché avec Hotline Miami.
Mais la ressemblance s’arrête là car le jeu de Wolfeye propose un gameplay assez singulier. Imaginez que vous rejouiez à la série des Commandos des années 90 à la manette, avec des gunfights péchus et punitifs. Voilà, rien d’autre à dire. C’est du génie, point à la ligne.
Vous pensiez jouer à un RPG tour par tour ? Non, ce sera violent et brutal
Le loot, c’est du gras. Or, le gras, c’est la vie. Donc le loot, c’est la vie.
En gros, au niveau du maniement vous avez juste un twin shooter tout ce qu’il y a de plus accessible, avec malgré tout des capacités spéciales à déclencher grâce à la seconde gâchette. En revanche, les ennemis dans les tableaux sont nombreux et coordonnés, et une attaque frontale se soldera le plus souvent par votre visite au croque-mort, les pieds devant. Weird West vous incite donc à vous faufiler et à neutraliser les ennemis un par un, et c’est franchement jouissif.
La physique est gérée, ainsi vous aurez à compter sur les explosions, le pétrole, le poison pour vous aider à venir à bout de hordes d’ennemis de plus en plus puissants. Rien de transcendant par rapport à un Divinity Original Sin, par exemple, où la physique était déjà bien importante pour maximiser ses dégâts. Mais dans les Divinity, c’était, pardonnez-moi le terme, chiant. Ici, point de plan sangrenu et de sort en cône à prévoir, ça pète rapidement dans tous les sens, et c’est fun.
Gros point fort du titre : vous pouvez fouiller le moindre contenant du jeu, à la manière d’un CRPG type Baldur’s Gate. Et ça, ça fait plaisir, car vous allez pouvoir récupérer moult armes et consommables qui vous permettront d’aborder les combats avec un aspect tactique, ce qui procure une sensation de belle rejouabilité au jeu. Si vous faites souvent la même chose, à savoir prendre d’assaut des camps retranchés, vous allez cependant pouvoir faire évoluer constamment vos stratégies avec les nouveaux objets que vous trouverez et les nouvelles capacités à débloquer.
Le genre de situation qui peut rapidement dégénérer sans prévenir
Inflation (n.f.) : Fait d’améliorer ses flingues avec des pépites d’or
De ce point de vue, Weird West est une merveille d’attentions proposées au joueur. Vous en avez assez de faire des voyages interminables sur la carte du monde ? Vous pouvez acheter un cheval. Vous prenez trop de dégâts ? Vous avez assez à de beaux gilets d’armure, et des compétences passives vous permettent d’augmenter vos PV. Vous n’êtes pas aussi à l’aise « seultou », que Lucky Luke ? Vous pourrez recruter des potes remplaçables au saloon. Bref, à chaque problème sa solution, et vous ne vous sentirez jamais absolument bloqué dans ce titre.
Que reste-t-il à reprocher à Weird West ? Eh bien pas grand-chose, à vrai dire. Même si le jeu peut être fait au clavier et à la souris, j’ai préféré la manette pour le côté twin stick shooter. Le scénario est un peu bateau (votre fils s’est fait descendre et votre mari s’est fait enlever) mais on pourra le prendre comme un hommage aux classiques du jeu de western spaghetti comme le Outlaws de Lucasarts. En vérité, le Far West, ça change du médival-fantastique, et rien que pour cela, le jeu de Wolfeye tombe à point nommé.
Vous tombez rapidement sur des groupes très chelou qui n’ont rien à envier aux jeux de rôles sur Cthulhu
Note : 9/10
Ce premier jeu ne laisse que présager du meilleur pour ce tout jeune studio. Weird West est une pépite d’or (que l’on fondra pour améliorer son six-coups, bien entendu) et ce premier coup de maître brille par son originalité, son gameplay exigeant mais jamais frustrant, et son ambiance hybride unique. D’ailleurs, les nouveaux joueurs peuvent se rassurer : des modes de difficultés adaptés permettent d’apprécier le jeu sans mourir tout le temps, et sans s’endormir non plus. Une belle surprise que tout abonné au Microsoft Game Pass devrait essayer au moins une heure.
Test réalisé par Tardigrade sur PC
Catégories : Simulateur de cow-girl chasseuse de loups-garous
Plateformes : Xbox One/Series, PS4, PC
PEGI : 16
Langues : Anglais audio, sous-titres français
Taille : 16 Go
Date de publication : 31/03/2022
Développeur : WolfEye Studios
Éditeur : Devolver Digital