We. The Revolution – Le test sur Xbox One
Catégories : Aventure, Point & Click, Papers Please
Plateformes : Xbox One, PC, Switch, PS4
PEGI : 12
Langues : Français, Anglais, Polonais
Joueurs : 1
Taille : 2,02 GB
Date de publication : 25/06/2019
Développeur : Polyslash
Éditeur : Klabater
Avec We. The Revolution, le studio de Cracovie, Polyslash nous propose d’incarner le personnage fictif d’Alexis Fidèle, juge pendant l’une des périodes les plus riches de l’Histoire de notre pays, la Révolution française.
Durant les différents dossiers que vous aurez à traiter, les choix, les verdicts et les sentences rendues auront un impact sur votre réputation. Des plus simples affaires de droit commun, jusqu’aux faits politiques de la plus haute importance, il n’y a pas de place pour l’impartialité au tribunal révolutionnaire. Dans ce contexte historique lourd, la pression des différentes factions orientera forcément votre jugement. Avec leurs idéologies antagonistes, les gens du peuple, les révolutionnaires et les aristocrates ne vous observeront pas du même œil à chaque prise de décision.
Appuyé par votre jury composé de notables, de votre mentor et ami avec qui vous avez pour habitude de passer de longues nuits de beuverie, votre jugement se devra d’être crédible. Les décevoir ne serait pas non plus la meilleure issue pour votre carrière, voire même pour votre vie !
Mais l’image que porte sur vous votre famille ne sera-t-elle pas la plus grosse pression à supporter?
C’est dans un style vidéoludique particulier que Polyslash vous propose de vivre cette aventure tirée aux couteaux comme un questionnement sur vous-même, votre intégrité, la capacité à prendre des décisions et d’en assumer les conséquences.
WTR est à l’instar d’un Papers, Please ou encore d’un Phoenix Wright un jeu atypique qui divise. Il mélange narration et réflexion, ce qui peut être pour les moins littéraires d’entre nous assez vite ennuyeux. Et pourtant, les développeurs du studio polonais ont réussi grâce à une trame historique précise et bien ficelée à tenir en haleine les plus curieux, allant jusqu’à réussir le pari de rompre l’ennui et la redondance que l’on aurait pu penser rencontrer. Certes, les débuts ne sont pas des plus palpitants et les premiers procès font plus office de tutoriels que de réelle introduction. Paradoxalement, l’idée est plutôt positive car le gameplay et les mécaniques ne sautent pas tout de suite aux yeux. Un petit temps d’adaptation est nécessaire pour entrer complètement dans la peau de juge. D’autant plus que de nouvelles possibilités de jeu s’ouvriront au fur et à mesure de votre avancée.
Lors des phases de jugement, vous disposez de plusieurs documents posés sur votre pupitre. Le carnet d’informations vous donne les noms et le descriptif des différentes personnes concernées par l’affaire en cours. Les dossiers du procès vous permettent de prendre connaissance des lettres et autres papiers inhérents au chef d’accusation. Quant au rapport, il vous permet d’avoir accès à tout ce qui s’est dit lors des échanges verbaux.
Avec cette paperasse qui illustre bien, de manière simplifiée, heureusement ce qu’est déjà, à l’époque le monde de la justice, cela vous donnera une première approche cartésienne et factuelle de ce qui s’est passé avant de pouvoir interroger les différentes pièces rapportées à l’affaire traitée.
Mais pour débloquer des questions, il vous sera demandé d’associer des éléments du dossier entre eux, de choisir une piste d’enquête et de la relier à la bonne catégorie. Quelques erreurs seront permises mais si elles sont trop nombreuses, les questions seront tout simplement verrouillées et vous devrez rendre un verdict à l’aveugle… ou presque, tout du moins erroné. Cela aura évidemment des répercussions sur votre jauge d’appréciation.
Tout le sel du jeu repose donc sur cette fameuse prise de décision, le verdict, la sentence. La réputation que vous accordent les 3 factions et votre famille est matérialisée par une jauge. Il n’y a donc pas de bon choix car idéalement, il faudrait contenter tout le monde. Dans ce contexte historique de révolution et d’insurrection, les différences d’idéologie sont telles que ce n’est tout bonnement pas possible. Une épée de Damoclès pèse au-dessus de votre tête. Si vous allez trop loin dans une certaine voie, les répercussions pourront aller de la simple mise en garde à votre destitution, voire à l’exécution publique. Un dilemme à en perdre la tête par moment !
Après chaque procès, le temps est encore à la prise de décision. Vous aurez le choix de partager des moments avec votre famille et ainsi leur montrer votre amour afin de faire monter la jauge d’appréciation ou au contraire vaquer à des occupations plus volages avec votre mentor, œuvrer pour votre travail, ou bien encore militer pour la cause révolutionnaire qui vous anime.
Cette richesse dans le gameplay et le scénario peut être considérée comme une force mais aussi comme un faiblesse. En effet, à force de multiplier les différents camps et enjeux, cela a pour effet de perdre le joueur. Les sauvegardes permises pourront donc s’avérer utiles lorsque vous vous apercevrez que certains de vos choix vous mènent à la perte.
La richesse de ce titre se trouve aussi dans la finesse des faits et des personnages historiques bien amenés qui se mêlent aisément à la fiction. Nous retrouverons , entre autres, Robespierre, Danton, Marat, Louis XVI redevenu « citoyen Capet » lors de son jugement au tribunal révolutionnaire. Certaines destinées comme la sienne semblent marquées au fer rouge. Dans le cas de Louis Capet, le choix de la rédemption ne vous sera nullement possible à son égard. La guillotine sera son seul destin possible. C’est un reproche que l’on peut faire à ce scénario qui se veut par moment, un peu trop guidé. Nous n’allions tout de même pas refaire l’Histoire !
Avec We. The Revolution, Polyslash maitrise habilement le rythme sans jamais perdre son joueur. A la fin de chaque affaire, l’action du jeu sera entrecoupée par de nombreuses cinématiques qui vous en apprendront plus sur la vie tourmentée du juge Fidèle et sur ses rapports avec sa famille et ses proches. Ce titre captive grâce à son gameplay riche et varié qui ne se limite pas au tribunal. Ainsi, s’associer aux révolutionnaires et soulever les pavés de Paris (NDLR: un peu anachronique mais on se comprend) ou encore protéger sa famille, les actions seront multiples. La rejouabilité est donc importante. A chaque nouvelle partie, vous pourrez revoir votre stratégie ou rectifier des erreurs de décision, même si il n’y a pas dans We. The Revolution de bons ou de mauvais choix à proprement parler. Vous avez certainement deviné qu’il y aura diverses fins possibles à ce jeu, à vous de les découvrir ! Il vous faudra un peu plus d’une dizaine d’heures pour finir le titre une première fois.
En dehors du cadre de votre tribunal, des soirées de jeu d’argent à boire sans soif ou encore des repas familiaux sans fin, il y a dans WTR une partie stratégie au tour par tour, simpliste mais non négligeable qui vient encore enrichir le contenu. Cela se caractérise par une sorte RPG tactique. Des pions représentent vos alliés d’un côté, vos assaillants, de l’autre. Ce troisième aspect du gameplay vous permet de mouvoir vos soldats chaque jour de chaque acte afin de repousser vos ennemis. Ainsi, chacun de vos agents pourra s’emparer des différentes sections de Paris, abattre vos adversaires ou encore berner les opposants qui souhaiteraient votre mort. Au fur et à mesure, votre infanterie grossira et vous permettra d’assoir votre notoriété, l’essence du jeu. Dans votre quartier général, vous pourrez vous approprier différentes bâtisses, ce qui permettra de soudoyer le jury par exemple, remplir votre rapport automatiquement… Tout cela vous rapportera d’autres points d’influences.
Du côté des options de jeu, c’est assez rudimentaire. Le choix de la langue, l’activation ou non du tutoriel, les réglages sons. Voilà ce que l’on pourra trouver dans le menu. Ceci dit, qu’auriez-vous voulu avoir de plus dans ce type de jeu ? Le titre vous permettra de créer plusieurs profils afin de ne pas mélanger les parties si vous êtes plusieurs à vouloir vous lancer dans cette aventure.
39 récompenses seront à glaner. Il faudra débloquer toutes les questions dans 10 affaires ou encore contenir 10 émeutes sur la carte, désobéir 10 ou 20 fois au jury. Un challenge supplémentaire qui ne fera qu’augmenter encore la durée de vie d’un jeu pour lequel, de prime abord nous n’aurions pas espéré autant.
La direction artistique est à la hauteur du titre de Polysalsh. Surprenante mais là aussi choisie avec goût et finesse. Elle colle réellement bien à l’ambiance générale de ce We. The Revolution. Les graphismes des premières scènes d’introduction m’ont immédiatement rappelé l’aspect polygonal des Alone In The Dark de l’époque ou encore Another World d’une certaine façon. Puis, ceux-ci évoluent dans un style de bande dessinée légèrement animée dont le choix des nuances de couleur me font penser aux illustrations de mes anciens livres d’Histoire. Ainsi, toute la lourdeur, la crasse et le sang de la terreur qui régnaient durant cette période y sont donc habilement retranscrits.
Ces scènes viennent rythmer et relancer l’intrigue tout au long de votre progression, vous apportant à la fois des éléments historiques réels mais aussi des informations supplémentaires sur l’évolution du scénario.
Leur narration se fait au travers d’une voix française qui sans être éligible aux oscars nous donne tout de même très bien le ton de la dramaturgie. Il est à noter que vous pourrez opter pour les sous-titres en français également si vous le souhaitez.
Côté bande son, bien que discrète, elle reste efficace. Comme dans un film, elle colle toujours à l’action. Tantôt douce et apaisante lors des moments passés avec votre famille, tantôt, oppressante lors de la mise à mort d’un innocent. Quelques effets sonores et bruitages accompagneront les événements marquants comme un gong qui retentit afin de soulever en vous l’émotion ressentie lors de la signature d’un verdict.
Avec We. The Revolution, Polyslash nous offre une Fresque originale de la Révolution française. L’intelligence et la finesse avec laquelle la proposition de cette nouvelle lecture est faite permet au joueur d’être rapidement captivé par la vie tourmentée du juge Fidèle. La richesse de son gameplay est autant son atout que sa faiblesse laissant par moment le joueur dans le flou et le trop plein de possibilités. Cela ne suffira pas à ternir cette œuvre à la grande rejouabilité dont l’addiction et l’envie de connaître toutes les issues est à la hauteur d’un bon livre. Si la recherche d’une nouvelle expérience de jeu vous intéresse, ce titre saura être un allié fidèle et vous suivra volontiers une partie de vos vacances. Attention néanmoins, si vous souhaitiez déconnecter votre cerveau, la métaphysique et les questions existentielles sur l’importance et les conséquences de ses choix pourraient vous replonger dans un sujet de philosophie que vous croyiez déjà loin derrière vous. Aux armes citoyens!
Test réalisé par JoTV Officiel sur une version offerte par Klabater.
Merci à eux !