Dice Legacy – Le test sur PC

Dice Legacy

La richesse du jeu vidéo, ce n’est pas le nombre : c’est la rareté de certains ovnis au design simple et à l’intelligence cruelle. Quand on en voit un, on veut l’observer le plus longtemps possible. De ce point de vue, Dice Legacy coche beaucoup de cases : on examine aujourd’hui ce que le premier titre de DESTINYbit nous propose.

On pourrait croire à un énième city-builder, dans un énième jeu à connotation fantasy : tout y est. Les bâtiments à construire, l’environnement hostile moyenâgeux, les classes d’habitants (paysans, citoyens, soldats, marchands, moines), et un enchainement des saisons été-hiver qui n’est pas sans rappeler un titre phare de la littérature fantasy… Le petit truc qui change tout : vous ne dirigez pas des habitants comme les autres, mais des dés.

Sans rentrer dans le détail des différentes campagnes que propose le titre, et des longues heures de jeu qui s’en déduisent, on parlera ici de gameplay : chaque action que vous voulez entreprendre nécessitera l’usage d’un dé, dont la face visible est celle adaptée à l’action voulue. Très vite, il ne faudra pas un mais plusieurs dés simultanés pour finir le travail. Le didacticiel explique très simplement les choses : vous disposez de cinq dés au tout début du jeu, chacun ayant la possibilité d’être lancé seize fois. Les dés se lancent en même temps à partir du moment où ils sont placés dans leur deck, c’est-à-dire quand ils ne sont pas en train d’effectuer une tâche quelconque ou sur le terrain en attente d’un autre dé complémentaire pour faire le boulot. Les premiers dés, les jaunes « Paysans », peuvent effectuer des tâches diverses mais à chaque utilisation, on doit les relancer, donc les réduire d’un point de vie, pour leur donner une nouvelle utilisation parmi les six possibilités qu’offre chacune de leurs faces. Parfois, une face tirée n’aura aucune utilité pour le moment et le tirage sera alors gâché – à d’autres, la face tirée sera intéressante mais pas pour le moment présent, on a alors la possibilité de figer le dé pour qu’il ne subisse pas les tirages suivants, tant qu’il n’est pas utilisé. Un tirage n’affecte pas les dés en cours d’utilisation : un décompte s’affiche au-dessus du dé en train de réaliser son travail, après quoi il retourne, inactif, dans le deck.

Vous aurez ainsi à déblayer les alentours de votre premier port d’attache, réparer l’auberge, construire une première maison (pour que vos dés se reproduisent : deux dés dans la maison = un troisième après un certain temps !), couper des arbres, tailler de la pierre, miner du fer et de l’or, faire pousser du blé à moudre au moulin, et récolter des herbes soignantes. Un dé dont le nombre de point de vie (d’utilisation donc) passe en dessous de zéro disparait. On peut envoyer un dé avec un faible nombre de pv à l’auberge pour lui donner de la nourriture et lui faire regagner quelques pv supplémentaires.

Tout reste à faire. La brume au loin est particulièrement inquiétante…

Pour aller chercher les plans de nouveaux bâtiments et débloquer de nouvelles classes de dés, vous allez devoir envoyer vos dés à l’école, pour en faire des Citoyens (verts) : s’ils partagent quelques compétences avec les Paysans, ils peuvent surtout étudier à l’Atelier pour vous faire gagner des points de Savoir, qui débloquent des aptitudes en plus des bâtiments et des autres classes.

Il faudra dès lors veiller à plusieurs choses :

  • Vous ne pouvez pas stocker plus de douze dés dans le deck ; ce qui signifie que si vous avez des dés en attente quelque part, vous devrez toujours laisser la place nécessaire à leur retour dans le deck sous peine de devoir vous séparer du nombre de dés que vous avez en trop (on peut choisir celui dont on veut se débarrasser si ça arrive).

  • Il faudra équilibrer les douze dés disponibles en fonction des classes et des objectifs du moment : si les dés bleus (Soldats) s’occupent des actions militaires, ils peuvent être secondés par des Paysans qui remplissent très bien cette fonction en début de partie – mais trop de dés bleus vont ralentir votre capacité à accumuler de la nourriture pour l’hiver (on va y revenir) ou à récolter des ressources.

  • Les dés blessés – quelque soit la raison – sont fragiles et doivent être soignés au plus vite chez l’apothicaire, contre deux unités d’herbes en début de partie. Un dé blessé qui subit une nouvelle casse disparait définitivement, quelque soit sa classe, mais certaines technologies réduisent la probabilité des blessures.

  • Les dés sont en mesure de se faire renforcer, une face après l’autre. Ainsi, un dé renforcé disposera d’un petit 2 après son premier renfort sur la face concernée, ce qui signifie que cette seule face « doublée » fera le travail de deux faces à l’endroit voulu. Plus vos faces sont renforcées, moins vous aurez besoin de dés au même moment.

Le début de partie peut sembler lent, puisqu’on attend beaucoup entre chaque exécution de tâches, les choses peuvent très vite s’affoler, surtout quand une horde d’ennemi débarque de la brume sans qu’on ait de dé-épée sous la main, que tous les dés en fin de vie n’ont pas encore été nourris et qu’il faut donc faire un choix très rapide entre abandonner des dés ou des bâtiments, ou risquer un nouveau tirage sans garanti que les épées tant nécessaires apparaissent ! De quoi donner quelques suées.

Mais les petites excursions ennemies ne sont pas votre plus grand problème…

J’ai déjà vu ça quelque part : du froid, de la brume, des mobs qui sortent de nulle part. Ont-ils les yeux bleus ?

Dice Legacy joue sur l’alternance de deux saisons, l’été et l’hiver. On ne se demandera pas pourquoi l’hiver semble bien plus long que l’été, il est clairement là pour nous faire du mal, et de la pire des façons. Imaginez que vous voudriez couper du bois pour construire une nouvelle tour et repousser un peu plus la frontière de votre territoire visible : vous envoyez le Paysan adéquat couper du bois… sans savoir qu’il risque de revenir entièrement gelé ! Donc inutilisable jusqu’à l’été, tout simplement. Là encore, toutes les classes sont concernées, quelque soit le travail qu’elles effectuent pendant l’hiver, période pendant laquelle vous êtes susceptible de vous retrouver sans aucun dé de disponible malgré les assauts ennemis qui eux, bien sûr, ne s’arrêtent pas ! Il faudra produire d’autant plus de blé, à ne pas moudre cette fois mais à transformer en bière, et envoyez vos dés gelés à la taverne boire une bonne bibine au coin du feu pour les réchauffer, si l’été ne peut pas attendre la fin de l’hibernation involontaire.

Si le monde est généré de manière aléatoire, on y trouve toujours des terrains d’extractions de ressources à durée limitée (vous ne pourrez pas extraire plus de ressource que ce que le terrain vous indique sur son info-bulle en haut à droite), des campements neutres auprès desquels vous pourrez envoyer vos dés marchands pour gagner de l’or, et des terrains plus obscurs dans lesquels envoyer vos explorateurs (les face « Boussoles ») pourra vous faire gagner quelques ressources supplémentaires. Le choix graphique de ne pouvoir faire défiler le monde que de bas en haut (et de haut en bas) est visuellement intéressant mais tout de même frustrant dans la manière dont on étend nos frontières – a vérifier si cette frustration persiste autant sur la Switch que sur PC.

Comme nos terrains d’extractions de ressources ne sont pas forcément très nombreux, et à durée limitée, on est incité à étendre plus au nord notre frontière et envoyer des éclaireurs découvrir « ce qu’il y a de l’autre côté » en espérant trouver les ressources qui nous manquent, ou qui ne tarderons pas à manquer quand l’hier sera venu à nouveau.

L’hiver commence à peine qu’un de mes citoyens est déjà gelé. Il va être long, cet hiver !

Avec une durée de vie semblant immense, une recette connue mais assaisonnée de manière très originale, Dice Legacy fera plaisir aux aficionados de fantasy, de city-building et de challenge haletants. La déception du choix physique de la limitation du monde est grandement compensée par la qualité de l’habillage musical et de l’inventivité dont font preuve les mécaniques proposées par DESTINYbit. Un premier jeu certainement pas parfait, mais qui augure de belles aventures de la part du studio italien.

 

Note : 7/10

 

Test réalisé par Whackangel, merci à l’éditeur pour la copie fournie.

 

Catégories : Stratégie, City-building, RPG

Plateformes : PC / Switch

Langues : Menus et sous-titrages en français.

Taille : 2 Go

Date de publication : 09/09/2021

  Développeur : DESTINYbit

Éditeur : Ravenscourt / Maple Whispering Limited

Disponible sur Steam

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