Too Many Humans : le test sur PC – Mangez-les, mangez-les, mangez-les !
Si, alors que vous regardiez « The Walking Dead », vous avez pris en pitié les pauvres petits zombies sans défense qui se faisaient écraser par Daryl sans même avoir leur mot à dire ; si, au premier visionnage de « Resident Evil : le film », vous étiez terrifié à l’idée que l’humanité découvrît un vaccin ; si enfin, pendant « Shaun of the Dead » vous avez pris votre pied quand votre acteur préféré Bill Murray se fit zombifier, alors aujourd’hui vous pouvez vous sentir rassuré : vous n’êtes pas un anormal. Non, vous êtes tout simplement un être ayant développé une zombie-empathie au-delà de la moyenne, à l’instar des développeurs du jeu qui nous intéresse pour ce test.
Master en Ressources Humaines
Dans Too Many Humans, vous passez de l’autre côté et vous contrôlez une sorte de dieu de la décomposition. A vous de protéger la Terre et d’éliminer le moindre petit humain pollueur pour le plus grand bien de la planète bleue. Les Wachowski nous avaient bien déjà avertis que l’humanité était le virus de la planète dans The Matrix, ainsi les gars de RealityZ les prennent au pied de la lettre. Pour ce faire, vous disposez au départ de quelques infectés et vous allez devoir les guider au travers de différents niveaux composés de casse-têtes.
D’un côté, les humains désarmés ne vous poseront pas problème. Ils représentent la principale ressource dont vous aurez besoin pour multiplier votre armée : la chair. En revanche, d’autres humains s’avèrent être des policiers ou des soldats, retranchés ou non, et commenceront à décimer vos troupes si vous n’y prenez pas garde.
Par bonheur, vous récolterez davantage de chair ou du pétrole et vous aurez la possibilité de transformer vos zombies en casseurs ou en zombies explosifs, ce qui vous permettra de créer diverses stratégies afin de pénétrer au mieux dans les rangs ennemis et de vous nourrir de cerveaux de manière pleinement optimisée.
Le point Godwin de l’écologie (nous l’appellerons le point Hulot) est encore une fois atteint
Sans la liberté de manger, il n’est point de survie flatteuse
Car Too Many Humans n’est pas très punitif. Si votre horde se fait décimer, vous pourrez la régénérer dans un point de sauvegarde précédent, une couveuse. Le but du jeu est donc de terminer les niveaux le plus vite possible, en quelque sorte. Evidemment, ce n’est pas très réaliste de farmer le plus de gasoil possible pour envoyer une horde de créatures kamikazes dans le tas, mais dans un jeu où vous incarnez le dieu de la puanteur, on va dire que vous pouvez faire ce que vous voulez (et je ne parle pas pour toi, Jean-Kevin ; va ranger tes chaussettes sales !).
La narration est dans l’ensemble assez réussie. Les missions sont toutes plus grand-guignolesques les unes que les autres. Vous devrez par exemple obtenir (de force) un entretien à la Maison Blanche comme un vulgaire trumpiste aux débuts de l’administration Biden, ou encore aller directement fouiller dans les caisses de Fort Knox. Le jeu est résolument provocateur et l’assume entièrement. On sent l’influence de films comme Shaun of the Dead. Too Many Humans ne se prend pas au sérieux, c’est pourquoi je n’ai pas bien compris la raison pour laquelle il s’est donné un propos pseudo-écologique dans l’intro. Autant aller dans le trash dès le départ et nul besoin de transformer votre personnage en chevalier vert des temps modernes, protecteur du panda et de l’ours blanc. Mais bon, si ça fait plaisir aux auteurs, ma foi…
On ira les buter jusque dans les chiottes… Comme disait l’autre
Que vous avez de beaux lambeaux de peau, mère-grand
Graphiquement, le jeu tourne sous Unity. De manière assez surprenante, les contours sont fins et le jeu est relativement fluide. J’ai juste noté quelques saccades lorsque beaucoup d’unités sont affichées, mais rien de méchant. C’est un plaisir de commander ses petites unités, elles répondent plutôt bien et quelques rares lenteurs au niveau du pathfinding viendront noircir un tableau globalement très correct. Les éléments de gameplay sont plutôt intuitifs et vous ne galèrerez pas trop à reconnaître la situation dans laquelle vous vous trouvez et à décider de la meilleure marche à suivre pour progresser. Un très bon point pour un titre qui aurait pu se foirer lamentablement à ce niveau, mais qui s’en tire haut la main.
Du désagrément des files d’attente pendant la zombie apocalypse
Zombies, c’est fini
Ce jeu indé n’est pas sans comporter quelques ombres sur le beau tableau que je viens de vous décrire. Malgré le souhait de réinventer le gameplay à chaque niveau, Too Many Humans n’est pas à l’abri d’une certaine répétitivité. Il vous faudra profiter du jeu par petites sessions sous peine de vous lasser d’un gameplay dans lequel il faudra souvent se contenter de sélectionner divers groupes de zombies, les envoyer sur des humains et reconstituer vos troupes. Un peu comme si vous jouiez à Starcraft II sans le côté micro-management de base. Après, il faut reconnaître que nous avons là le premier jeu du genre, être indulgent et s’attendre à des suites de plus en plus riches et complexes. Et c’est tout ce que nous souhaitons pour ce petit studio très prometteur.
Too Many Humans est un bon petit jeu qui a le mérite de vouloir inventer autre chose. C’est là tout le sel de la scène indépendante d’ailleurs : elle tente des approches risquées et des gameplays innovants, là où les gros studios bien solides auraient capitalisé sur une jouabilité digne d’un bon vieux mod de Warcraft 3 type tower defense. Et c’est ainsi que le bât blesse au niveau de Too Many Humans. L’idée d’un tower defense inversé est bonne, mais pas suffisamment variée pour encourager le joueur à se défoncer pour améliorer sa marge de progression. C’est dommage car on sent clairement la motivation des développeurs à varier un gameplay par essence répétitif.
Note : 7/10
Test réalisé par Tardigrade sur une version de test Steam.
Catégorie : Micro-management de horde d’infectés
Plateformes : PC
Langues : Français et anglais
Espace disque recommandé : 7 Go
Date de publication: 4 novembre 2021 sur Steam
Développeur : RealityZ
Éditeur : RealityZ
Disponible en téléchargement