Test PC – Ghost Trick : le remake des vacances ?

Capcom continue de ne pas nous rajeunir avec ses vagues régulières de remakes en folie. Profitant du moteur RE développé pour consoles de génération actuelle et PC, Ghost Trick, qui a fait les beaux jours de la Nintendo DS en son temps, revient sur nos PC de bourgeois. Mais cela vaut-il le coup de retomber en nostalgie une dizaine d’années après les faits ?

Je ne vais pas faire durer le suspens plus longtemps : la réponse est oui. Quel bonheur, mais quel bonheur mes amis, de retrouver ces jeux Capcom qui ont bercé notre adolescence et fait de nous des adultes responsables et surtout, complètement zinzins de « Murder Partys » comme disent les Americans et autres enquêtes policières en 2D noyées sous des montagnes de lignes de texte.

Car les japonais ont ce moindre défaut : ils sont friands de Visual Novels. Si, vous savez, ces jeux qui n’en sont pas vraiment, à tel point qu’on doit les appeller « romans graphiques » dans la langue de Shakespeare afin de coller au plus près de leur réalité intrinsèque. Mais qu’est-ce qu’un « Visual Novel », en définitive, si ce n’est un voyage textuel et graphique, de temps en temps ludique, dans l’univers fou d’un créateur à l’origine d’une idée souvent brillante ?

Le jeu annonce la couleur de suite : Game Over

Et des idées, Shu Takumi en a. Vous faites face ni plus ni moins au géniteur de la série des Ace Attorney, les jeux d’enquêtes prenant place au barreau de la défense qui ont relégué Ally McBeal au rang de séries pour EHPAD aux côtés d’Arabesque et le droit en général au rang des disciplines sexy, avec psycho et biologie moléculaire. Phoenix Wright, c’est une énorme saga de jeux où il n’y a rien à jeter, et c’est le grand frère de Ghost Trick (d’ailleurs, Monsieur Shu voulait faire un cross-over des deux séries, merci Wikipédia).

Alors quelles différences y-a-t’il entre les deux concepts ? Eh bien, plein, en fait. Tout d’abord, le jeu d’enquêtes phare de Capcom repose sur un système d’investigation sur une scène de crime, où les indices seront ensuite réutilisés au procès. Vous pouvez oublier tout cela dans Ghost Trick. En gros, il y aura toujours un meurtre, mais tout se fait en temps réel, car ce meurtre, vous pouvez l’empêcher…

Le design cartoon est très réussi

En effet, là où dans les Ace Attorney vous incarniez un avocat de la défense ou un « prosecutor » dans la série Miles Edgeworth (je ne me souviens plus de son nom en français…) ici, vous êtes un fantôme, et c’est très très cool. C’est assez rafraîchissant et dynamique puisque tout se déroule en temps réel. Vous avez la possibilité de remonter dans le temps afin d’empêcher un meurtre qui a lieu dans un tableau très vivant et coloré. 4 minutes avant l’heure du décès, pour être précis. Et cela va être le théâtre de casse-têtes tous plus tordus les uns que les autres…

Le problème, quand on est un fantôme, c’est qu’on n’a pas de corps. Mais en fait, on en a plein ! Je m’explique : Sissel, le héros, peut prendre la possession de divers objets inanimés afin de se déplacer dans le tableau et de faire avancer l’histoire. Il peut ainsi faire bouger des objets afin de manipuler les personnages vivants à leur insu, dans le but de modifier la ligne temporelle et donc le destin des personnes qui vont mourir. Cela change pas mal du côté « point’n’click » des autres Visual Novels car vous devez non plus prendre les objets avec vous dans un sac imaginaire d’une contenance de 3000 litres à l’aide parfois d’un chariot de manutention (c’est ce que j’imagine quand je joue à Phoenix Wright) mais vous devenez devenir les objets, et cela change absolument tout.

Le mode « spirituel » pour se déplacer dans les tableaux

En effet, vous êtes limité à 70 cm à peu près dans votre déplacement entre les objets. Vous allez ainsi devoir activer des mécanismes afin de pouvoir vous connecter à des objets dans le tableau parfois inaccessibles, et ce côté réaction en chaîne m’a parfois fait davantage penser à « l’incroyable machine du professeur Tim » (pour les 3 vieux séniles qui s’en souviennent encore) qu’à un jeu d’enquêtes classique.

La narration est efficace sans être digne d’un Conan Doyle ou d’Agatha Christie. Mais surtout, les personnages et les tableaux sont très hauts en couleur, plus encore que dans les Ace Attorney. L’inspecteur Cabanella, par exemple, est bougrement bien réussi, et on a toujours envie de poursuivre afin de voir les bonnes idées des scénaristes et designers. Les vannes sont bonnes et drôles, et c’est ce que l’on demande à un jeu Capcom digne de ce nom.

Une sombre histoire de scandale d’Etat avec des méchants des Power Rangers

Sur ce point, le côté remake apporte énormément au jeu puisqu’au final il montre que le gameplay au stylet était bien dispensable. Cela se joue très bien à la manette, mais surtout, les graphismes HD font vraiment honneur aux sprites 2D animés avec un talent et un rythme dont seuls les studios japonais ont le secret.

Capcom aurait pu laisser pourrir cette licence dans les oubliettes des consoles portables nintendiennes. C’était sans compter sur l’énorme attrait de la modernité occidentale pour le recyclage, et ce jeu mythique des joueurs consoles vient désormais orner les étagères dématérialisées du Steam Marketplace. Je dis oui, mille fois oui, et je dis même : encore ! Ceci est un appel à tous les studios japonais de Visual Novel : mettez tout sans exception sur Steam. Si cela ne part pas à trente balles, ça partira pendant les soldes…

Note 9/10

Date de publication : 29/06/2023

Classe d’âge : PEGI 3

Langues : Français, Anglais, Espagnol, Allemand

Merci à l’éditeur pour la copie fournie

Dispo Steam, Nintendo Switch

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