F1 2020 : Le meilleur jeu de F1 de tous les temps, mais d’une courte tête
F1 2020
Catégories : Course
Plateformes : PS4, Xbox One, PC
PEGI : 3
Langues : Français et autres
Taille : 37,31 GB
Date de publication : 10/07/2020
Développeur et éditeur : Codemasters
Disponible en téléchargement et en boîte
Alors que la saison 2020, la vraie, a subi de plein fouet la crise du Coronavirus, sa version numérique elle, a gagné quelques lettres de noblesse grâce aux diffusions à la télévision de compétitions eSport impliquant les véritables pilotes de Formule 1. La sortie de ce F1 2020 a donc droit à quelques attentes supplémentaires de la part d’un public généralement plus spectateur qu’acteur, en plus des habituels amoureux de la conduite sur piste. C’est pourquoi ce test s’adresse autant aux néophytes qu’aux habitués de la série. Un grand écart qui n’est permis que parce que le jeu lui même propose cette ouverture à tous les niveaux : jeu à la manette ou au volant, niveau de difficulté paramétrable à souhaits, nombreuses aides à activer ou non et même, pour ceux qui ne voudraient pas prendre la responsabilité de la conduite, la possibilité de tout simuler, ne laissant au joueur que les choix stratégiques, le développement de la voiture ou la gestion de l’écurie. Mais à viser un public aussi large, Codemaster ne s’est-il pas perdu en chemin ? Et bien clairement non. Si le jeu n’est pas en tous points parfait, et s’il apporte finalement assez peu par rapport à l’édition 2019, il réussit à offrir un challenge intéressant quelle que soit la manière de l’aborder, que l’on soit un pilote débutant ou chevronné, ou simplement un gestionnaire voulant mettre un pied dans le monde de la F1.
S’il se présente avant tout comme une grande mise à jour de l’épisode 2019, intégrant les nouvelles voitures, les changements de pilotes ou d’écurie, ou encore les circuits qui font cette saison 2020, ce F1 innove principalement avec son mode “Mon Ecurie” qui, comme son nom l’indique, vous propose de créer et de gérer la vôtre en tant que propriétaire, directeur technique et pilote. Tout commence avec la création du nom, du logo et de la livrée (l’habillage de la voiture, ses couleurs et logos), mais surtout avec le choix du sponsor principal parmi une courte liste de possibilité. A chaque sponsor ses avantages, principalement en termes de rentrée d’argent, mais aussi ses exigences. Pour ne pas froisser l’investisseur, il faudra donc assurer sur le circuit, en échange de quoi vous toucherez une coquette somme de début de contrat, puis une rente hebdomadaire. Avec cet argent, il faudra s’offrir un moteur, un second pilote, et payer tous les frais que peuvent engendrer le développement de vos véhicules et de votre écurie. Disons le clairement, si les résultats sont là dès les premiers Grands Prix, vous n’aurez aucune difficulté à joindre les deux bouts et à faire progresser votre équipe dans les classements. L’accessibilité du mode et son challenge sont ici clairement adressés au grand public, les amateurs de gestion complexe ne pouvant y trouver leur compte. A ces derniers, nous conseillerons plutôt de jeter un oeil à Motorsport Manager, beaucoup plus complet, et avec un challenge bien plus intéressant à long terme.
Néanmoins, la couche de gestion supplémentaire donne à cette carrière “Mon Écurie” un peu de piment supplémentaire et permet surtout de personnaliser sa progression, particulièrement dans le développement des technologies, un poil plus stratégique que dans les autres modes. Pour le reste, on y trouve exactement le contenu de la carrière classique (laquelle est d’ailleurs toujours disponible pour les réfractaires de la gestion), et telle que nous l’avions laissée dans la version 2019, à peu de choses près. On enchaîne ainsi les Grands Prix avec un tout petit peu de scénarisation, principalement au début de la carrière, quelques évènements historiques entre deux week-ends, une rivalité entre pilotes histoire de booster votre renommée, et une touche de développement au fil de la saison. Absolument rien de nouveau à l’horizon, la plupart des assets, des écrans, des scènes et des situations étant directement issus de l’édition précédente.
Reste que cette carrière conserve un bon niveau de tension, avec ses événements inattendus (vous ne serez jamais à l’abri d’une casse, même sans accident), pour peu que vous choisissiez un niveau de difficulté adéquat. Niveau qu’il est possible de modifier à tout moment, à la hausse comme à la baisse. Et puis F1 2020 conserve tout ce qui a fait le succès de sa carrière précédente, à savoir une implication forte du joueur dans toutes les étapes du Grand Prix, et notamment les essais, primordiaux pour remplir les objectifs de l’équipe et ainsi assurer le développement de la voiture au fil de la saison.
Melbourne Training :
Enfin, parmi les autres nouveautés, on note aussi l’apparition d’un mode multijoueurs en écran splitté. Celui-ci permet de vivre à deux un Grand Prix complet, avec ses essais, ses qualifications, ses réglages individuels, et la possibilité pour chaque joueur de raccourcir ou d’allonger chacune de ces étapes, à sa guise. Un mode des plus appréciables, surtout que la qualité graphique reste d’un très bon niveau, particulièrement si vous jouez sur Xbox One X ou PlayStation 4 Pro.
Les graphismes justement, sont de haut niveau, même s’ils n’ont que très peu évolué depuis l’épisode 2019. La modélisation des véhicules reste de très bonne facture et les circuits, malgré quelques simplifications un peu grossières sur les abords, offre un rendu digne des meilleures simulations actuelles. Malheureusement, c’est un peu sur l’ajout des effets que ce F1 2020, comme son prédécesseur, manque un peu le coche. Sur Xbox One et PlayStation 4, les ombres manquent de définition quand les gradins, arbres et autres détails du bord de la piste affichent un aliasing parfois prononcé. Les jeux de lumière sont assez sommaires, les effets de réflections sont limités au strict minimum et l’on voit parfois apparaître quelques baisses de framerate lorsque le nombre de voitures à l’écran augmente. Sur One X et PS4 Pro, framerate et aliasing restent parfaitement maîtrisés, en 4K comme en 1080p.
Sur PC, la montée en détails et l’affichage avec toutes les options au maximum donne une image des plus propres, mais toujours avec ces effets de lumière un peu en retrait. Le spectacle reste tout de même de toute beauté, surtout en 4K, laquelle profite d’une absence quasi totale d’aliasing. Avec la configuration minimum et un affichage en 1080p/30FPS, le jeu garde une image agréable et surtout une excellente lisibilité du circuit. Ça reste donc parfaitement jouable.
Au chapitre des regrets, il reste évidemment l’absence de mode VR, quelle que soit la plateforme. En gros, s’il est possible d’afficher le jeu sur un casque de réalité virtuelle, on perd totalement l’ambiance, l’impression de profondeur, et le gain en terme de visibilité des courbes des jeux qui gèrent cette fonction en natif. Pour un jeu de course, qui plus est qui a sa place en eSport auprès des professionnels, ce manque est assez dommageable. Reste la possibilité d’afficher le jeu en écran large voire en triple écran, pour une immersion maximale.
Et que serait un jeu de course moderne sans ses effets de météo et ses changements de luminosité en fonction de l’horaire ? Dans cette catégorie, F1 2020 se montre en bon élève avec une visibilité réduite à son minimum et des effets de gouttes persistantes sur la caméra lorsque la pluie est battante sur le circuit, à même d’apporter son lot de tension et de prudence. mais si le jeu propose dans ses options tout le loisir de jouer de jour, de nuit, au coucher comme au lever du soleil, l’impact sur le gameplay reste tout à fait secondaire dans les premiers niveaux de difficulté. En effet, peu d’effets de flare, peu d’éblouissement, et globalement un fond nocturne qui manque un peu de contraste. Pas de quoi influencer votre conduite donc, mais un marquage suffisamment important pour vous mettre dans l’ambiance. Quand l’IA est poussée dans ses plus hautes valeurs et que les aides sont désactivées, c’est l’impact sur la chaleur de l’asphalte et donc des pneumatiques qui rentre en jeu de façon assez conséquente.
Melbourne sous la pluie
Quelques mots enfin sur le HUB proposé par F1 2020. Affichage du circuit, des données télémétriques, du delta ou de la position en course, tout est paramétrable à volonté. Il est même possible d’ajouter un rétroviseur virtuel central, de repositionner la caméra avec précision, ou encore d’influencer sur les effets de blur. Ca reste un cran en dessous de ce qu’offre Assetto Corsa, notamment à cause de l’absence de repositionnement de chaque élément.
Terminons avec le son, bien équilibré en stéréo malgré les nombreuses sources sonores : moteur de sa voiture, des concurrents, directeur technique au casque et bruits extérieurs. En 7.1, le jeu offre aussi une belle spatialisation avec tout de même quelques petits bugs d’équilibrage parfois, notamment du côté du speaker. On apprécie en tout cas les très nombreux efforts du directeur technique pour nous donner bon nombre d’informations à la voix, comme le temps au tour, la position des rivaux ou les différents évènements de course. Ce n’est pas parfait et certains commentaires sont un peu hors propos, mais c’est tellement supérieur à la concurrence que l’on pardonne volontiers.
Comme nous vous le disions en intro, F1 2020 fait le grand écart entre pilotes en herbe et joueurs chevronnés. A la manette comme au volant, les réglages de difficulté et les nombreuses aides permettent d’adapter le challenge à ses propres envies, sans trop dénaturer l’esprit de la Formule 1. Désormais cette version 2020 offre aussi la possibilité de modifier une saison en profondeur en choisissant l’intégralité des circuits, une présélection ou même une sélection personnelle. Et au final, chacun peut jouer au jeu de F1 qu’il aime, tant au niveau du pilotage, de la force de l’IA ou du contenu, et ça fonctionne pour tous, même à plusieurs joueurs de niveau différent.
Ecran splitté Bahrein
La grande expérience de Codemaster en termes de jeux de courses se ressent d’ailleurs au niveau du pilotage, F1 2020 proposant un comportement caractéristique de la Formule 1, entre un différentiel autobloquant qui impose des virages à vitesse réduite et de longues courbes en accélération pour gagner en adhérence. A la manette cependant, il faut un certain temps d’adaptation pour appréhender le contrôle au stick et parfaire le positionnement du pouce en courbe, notamment à cause d’un léger temps de latence entre le mouvement physique et celui à l’écran. Latence amplifiée dans le cas d’activation des aides d’ailleurs, celle-ci étant moins perceptible lorsque l’assistance au freinage et l’antipatinage sont retirés.
Au volant, le comportement des Formule 1 se montre assez simplifié, même en retirant la totalité des aides. On est pour le coup un cran en dessous de ce que proposent Assetto Corsa ou iRacing, particulièrement au niveau des vibrations d’environnement. Là encore, il faut composer avec une très légère latence, à peine perceptible mais un peu dommageable dans les pif-paf et autres chicanes rapides. Reste que le jeu se montre plaisant à pratiquer avec tout type de volant, surtout que les réglages d’amplitude ou de saturation sont nombreux. F1 2020 n’atteint donc pas la complexité et les sensations d’une véritable simulation mais garde, comme souvent avec les jeux Codemaster, un côté spectaculaire à même de vous faire apprécier votre volant de course.
Du côté de l’IA, on reste sur un niveau de qualité très élevé. Les pilotes numériques assurent quel que soit le niveau de difficulté, s’attaquent entre eux, défendent joliment leurs intérieurs et savent montrer une agressivité contenue, suffisante pour vous mettre la pression en course. Ce joli tableau cache tout de même quelques attitudes un peu moins agréables, souvent dans les mêmes virages. On citera par exemple la deuxième épingle en Azerbaïdjan, dans laquelle certains pilotes n’hésitent pas à couper pour peu que vous les ayez dépassés dans la ligne droite précédente, ou encore la chicane de Monaco, souvent théâtre d’accidents visiblement volontaires. A noter aussi quelques bordures mal définies qui peuvent faire rager soit parce qu’elles sanctionnent des roues sur les vibreurs, soit parce qu’elle laissent bien trop de largesse dans la courbe et permettent de tricher.
Ces petits travers n’empêchent pas F1 2020 d’être un champion du drama. Pour peu que la difficulté soit bien réglée, soyez sûr de vivre votre lot d’émotions, des courses gagnées sur le fil ou perdues dans les stands à cause d’un mauvais choix de pneumatiques ou d’un aileron à peine abimé. L’impression de courir avec les vrais pilotes est bien réelle, la tension est constamment palpable, et la pression de la réussite, tant pour l’écurie que pour battre ses rivaux, est une constante qui devrait vous tenir en effervescence.
Et évidemment, F1 2020 vient avec son mode multijoueurs en ligne. Complet et permettant de créer ses propres courses en ligne avec une facilité déconcertante, il est surtout adapté à la conduite entre gentlemen. Il suffit d’activer les dégâts réels pour voir vos concurrents protéger leur véhicule comme jamais, garder leurs distances en fin de ligne droite et éviter de se retrouver sur votre trajectoire sans protection. Évidemment, rien n’est parfait et nous regrettons parfois certaines décisions de pénalités ahurissantes, mais le système de bannissement offert au directeur de la course donne assez de pouvoir pour faire une bonne sélection des joueurs à problème.
F1 2020 est une version améliorée de 2019. Mise à jour des véhicules, pilotes et circuits, gameplay affiné, graphismes améliorés, sont désormais le lot de ce titre annualisé auquel Codemaster vient ajouter deux modes de jeu, le multijoueur en écran splitté et la carrière “Mon Écurie”. Cette dernière vient s’ajouter à la carrière classique, sans la révolutionner, en y ajoutant une dimension de gestion accessible et plutôt chronophage, dans laquelle on se plonge avec plaisir et sans difficulté. Il y a de quoi y passer de nombreuses heures, surtout avec les possibilités offertes en termes d’aide et de difficulté qui peuvent rendre chaque nouvelle saison plus intéressante, avec un challenge renouvelé. En même temps, le jeu s’adresse volontiers aux néophytes, leur offrant tout le loisir d’adapter le jeu à leurs capacités comme au temps qu’ils ont à y consacrer. En ce sens, F1 2020 réussit largement le pari de plaire tant aux grand public qu’aux joueurs aguerris, à la manette comme au clavier ou au volant. Reste ce petit écart qui le sépare encore de ses concurrents les plus sérieux, entre iRacing et Assetto Corsa, lesquels ont encore pour eux l’avantage sur la latence de pilotage ou le moteur physique, assez permissif dans la simulation de Codemaster. Malgré ce détail qui ne parlera qu’aux spécialistes, F1 2020 se présente comme un grand jeu, fourni, agréable et source de belles émotions. Une véritable réussite et clairement le meilleur jeu de F1 de tous les temps … juste devant la version 2019.
Test réalisé par Olive Roi Du Bocal, merci à Codemasters et Koch Media pour la copie fournie.