Test de Jurassic World Evolution : Complete Edition sur Switch

La Nintendo Switch est bien la première console portable à accueillir des jeux de gestion issus du monde du PC avec autant de boulimie. Civilization 6, Cities Skyline, le très récent Tropico et désormais ce Jurassic World Evolution: Complete Edition que nous avons aujourd’hui le plaisir de mettre dans la même case que ses chers cousins gestionnaires. Aussi, que vous connaissiez ou non l’original, voici un test complet qui devrait vous aider à savoir si, oui ou non, ce jeu doit faire partie de votre ludothèque sur Switch.

Soyons très honnêtes, après avoir fait le test de Tropico puis revendu mon Civilization 6, je pensais sincèrement en avoir soupé des jeux de gestion sur Switch et leurs défauts inhérents à la plateforme. Parce oui, porter des jeux prévus pour le PC sur des consoles comme les PS4 et Xbox One, ça a déjà des conséquences importantes sur le gameplay, mais s’ajouter à la contrainte la baisse de puissance imposée par le hardware de la Switch, c’est se prendre de plein fouet de sacrés compromis visuels. Et puis il y a la paresse, ou plutôt l’économie que font les développeurs en ne profitant absolument pas de ce support tactile qu’est la console de Nintendo. Et sur tous ces points, Jurassic World Evolution ne fait malheureusement pas exception :  il est laid, peu ergonomique, et ne profite pas des particularités de la Switch. Et pourtant il est bon. J’explique.

Une technique au rabais …


Commençons par la partie la plus visible : les graphismes. Sans être totalement laids, ils n’ont tout de même pas grand chose de comparable avec ce qui nous est proposé sur PC. La résolution est évidemment à la baisse, particulièrement en mode portable où un flou généralisé vient voiler toute la fenêtre de vue. En mode docké c’est un peu mieux, même si le flou laisse sa place à un aliasing vraiment prononcé, qui sera plus ou moins atténué par le traitement de votre téléviseur. Les détails offerts par le jeu, sur les bâtiments, la végétation, les dinosaures et visiteurs, sont d’un niveau inférieur au plus bas niveau de la version PC, ce qui donne assez étrangement un résultat très “ancienne génération”, qu’une Gamecube ou une Xbox ne renieraient pas. Oui oui, vous avez bien lu. Pas de quoi faire un grand honneur à la Switch donc, que ce soit en termes de résolution, de framerate, d’effets lumineux. Et puis oui, ça nuit globalement à la visibilité en jeu, et donc un peu au plaisir de jeu.

On s’en aperçoit d’autant plus que les textes et objets de l’interface mis en surimpression bénéficient eux d’une meilleure résolution, tout en conservant le rapport de taille à l’écran qu’ils avaient sur PC. Là c’est propre, mais la plupart des textes sont écrits trop petit, avec nombre de logos pas forcément faciles à déchiffrer, et globalement un certain manque d’explications. Les premières heures de jeu nous laissent donc comprendre, un peu par nous-même, à quoi correspondent ces alertes qui apparaissent en haut de l’écran, comment on donne quelques ordres à tel équipage en véhicule, et comment sont gérées l’électricité du parc ou l’alimentation des dinosaures. Rien de difficile, dans le sens où l’on nous plonge au départ dans une sorte de tutoriel sur une île presque bienveillante. Sauf que nous aurions aimé trouver plus de soutien dans les différents écrans d’aide qui habitent les menus, avec un moyen de revoir les informations du tutoriel une fois celui-ci avalé.

Avouez que les alertes et indications ne sont pas très visibles.

Et puis il y a cette interface, pas très engageante, qui n’exploite absolument pas les caractéristiques de la console. Rien n’est tactile, les boutons sont tout petits, et la navigation avec la croix directionnelle et les boutons de tranche est parfois capricieuse. Rien d’insurmontable, mais on est loin de ce qui aurait été possible sur une telle machine et l’immersion s’en ressent, là encore pendant les premières heures le jeu, le temps que l’on se résigne.

Un concept vraiment fort.

Passé ces premiers temps de flottement, il faut avouer que Jurassic World Evolution cumule les qualités. D’abord par son contenu qui donne accès au jeu d’origine, mais aussi à ses DLC. Nous aurons donc les 4 îles complètes pour profiter de 3 campagnes différentes, un mode bac à sable salvateur et nombre de défis pour les amateurs de gestion de problèmes. Il y a de quoi y passer de nombreuses heures. Probablement des centaines si vous voulez tout rincer. Et surtout il y en a pour tous les niveaux. Parce que oui, la licence Jurassic Park est un peu effrayante dans le sens où l’on s’imagine dès la première minute que nous allons devoir faire face à des fuites de T Rex, à des hordes de vélociraptors, à des cyclones dévoreurs de barrières électriques. Et effectivement, ce sont des situations que nous allons rencontrer, mais qui n’auront pas l’impact qu’on leur connaît dans le film si vous préférez y aller cool et rester sur un mode de gestion lent et basé sur le développement de votre parc. Au contraire, si c’est la difficulté que vous cherchez, l’adrénaline des soirs de tempête, vous serez aussi servis. 

Surtout, il faut dire que le côté “gestion” mêlé à cette pluie régulière d’objectifs fluidifie totalement la progression. On se laisse emporter facilement par les demandes de nos conseillers scientifiques, de nos spécialistes de la sécurité ou du divertissement, lesquels se montrent actifs et font vraiment office de guides. Et puis, comme dans un Civilization, il y a tellement de développements simultanés, que les moments d’attente sont finalement rares, bien que suffisants pour que l’on ait droit à quelques bulles de contemplation. Bulles qui peuvent éclater à tout moment tout de même, attention, puisqu’aucune pause du temps n’est possible, donnant au présent une saveur toute particulière à l’heure des accidents et autres moments pressants. L’urgence, quand elle vous tombe dessus, demande clairement toute votre attention si vous ne voulez pas perdre une bonne partie de vos bénéfices et de votre capital sécurité. 

Et puis, il y a les dinosaures, au cœur de vos revenus comme de vos dépenses, mais aussi au centre de tous les intérêts. Que ce soit pour la collection, pour la connaissance ou pour la simple réussite des objectifs du jeu, il vous les faudra tous. On a plaisir à les observer, à les comprendre, à les voir interagir, à apprendre de leurs comportements. Jurassic World Evolution est typiquement le genre de jeu qui plaira aux adultes et enfants curieux (le PEGI 16 me semble un peu exagéré), ne serait-ce que pour la découverte de ces espèces. Le jeu est en effet documenté, pas toujours de manière très réaliste il faut le dire, et invite régulièrement à se plonger dans quelques oasis de connaissance franchement agréables, et ce même si vous ne connaissez rien au sujet à la base. 

Une version suffisante.

Clairement, le passage à la Switch aurait mérité d’être un peu plus soigné. Frontier a fait le choix d’adapter une version PS4/Xbox One en rognant sur la partie technique, sans trop se poser la question de la prise en main, là où il aurait été préférable d’imaginer une refonte de l’interface, un changement de style pour les graphismes, histoire que l’ensemble ne ressemble pas autant à une version du pauvre. Pourtant, il faut avouer que retrouver un tel jeu en version console, avec ses mécaniques d’origine et l’ensemble de ses DLC, reste quelque chose d’assez exceptionnel. Et si vous n’aviez pas touché à la version PC parce que le temps devant votre ordinateur vous manquait, voici une occasion bien réelle de vous rattraper en nomade. Vous ne profiterez pas de la beauté du jeu d’origine, ni même de sa prise en main, mais vous vous accomoderez très certainement de ses défauts pour profiter de ce qui reste un titre exceptionnel, malgré les compromis qu’il impose. Car Jurassic World Evolution est à ce jour un des meilleurs jeux de gestion de la console de Nintendo.

Note : 7,5/10

Test réalisé par Olive Roi Du Bocal

Jurassic World Evolution: Complete Edition

Catégories : Jeu de gestion

Plateformes : Switch (existe sur PC, PS4 et Xbox One)

PEGI : 16

Langues : Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Italien, Japonais, Coréen, Portugais, Russe, Chinois

Taille : 5856,00 MB

Date de publication : 03/11/2020

  Développeur : Frontier Developments

Éditeur : Frontier

Disponible en téléchargement et en boîte

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