Tropico 6 – Le test sur Nintendo Switch
Tropico 6 est porté sur Switch. La console hybride de Nintendo a beau manquer de puissance par rapport à ses concurrentes, les éditeurs hésitent de moins en moins à adapter leurs productions sur ce hardware mi-portable, mi console de salon. Et il faut dire que la promesse d’emporter avec soi un jeu aussi typé PC que Tropico est assez alléchante, à condition que les compromis sur les graphismes et les solutions trouvées pour l’ergonomie soient à la hauteur de nos attentes.
Vous pouvez retrouver le test de la version PC en suivant ce lien : Tropico 6 : Le test sur PC
Jouer à Tropico, c’est un peu comme prendre l’avion pour Cuba pour assister au règne d’un ersatz de Fidel Castro. Un retour dans le temps, à l’époque des colonies gérées par la couronne Anglaise, un voyage sous de douces latitudes où la canne à sucre pousse comme le chiendent. Tropico, c’est aussi une ambiance inimitable, une bande son caribéenne, un soleil accablant sur un petit archipel prêt à accueillir son dictateur. Et ce dictateur, c’est désormais vous qui allez devoir l’incarner, armé de votre petite console, de ses sticks analogiques et de son écran 720p. Une tâche gratifiante, parfois grisante, mais qui ne manque pas de difficultés. Servez vous un verre de rhum que je vous explique.
Passée une sublime cinématique, Tropico 6 propose de vous accueillir avec un long tutoriel. Deux bonnes heures de découvertes, d’application de vos apprentissages, de mise en pratique de tout ce que propose le jeu. Une formation nécessaire au regard du contenu de cette version, tout simplement équivalente à celle déjà sortie il y a un an et demi sur PlayStation 4 et Xbox One. On y retrouve les mêmes possibilités de création, les mêmes bâtiments, et les mêmes missions, mais pas de quoi enchaîner ses parties sur PC avec celles sur Switch, la sauvegarde en cloud comme proposée par City Skylines n’étant pas disponible ici.
Comme tout bon jeu de gestion sur console, Tropico 6 a dû adapter ses contrôles aux possibilités hardware offertes par la Switch. Comme sur PS4 et XOne, la sélection des actions est classée en dossiers/sous dossiers sous la forme d’une roulette. On l’active avec une gâchette puis on sélectionne sa catégorie avec le stick, jusqu’à atteindre la fonction, l’objet ou le bâtiment désiré. Ca ne remplace absolument pas le combo clavier souris, mais après quelques heures à tâtonner, ces rouages deviennent naturels et efficaces. Idem avec la caméra, qui se pilote évidemment au stick, avec un combo de touche pour l’axe Z, et qui peut parfois manquer de précision ou de vitesse, tout en tenant globalement bien son rôle. Encore une fois, ça ne tient pas la comparaison avec le PC, mais pour une version nomade, c’est pas mal.
Au chapitre des regrets, je citerais néanmoins l’exploitation du tactile, loin d’être convaincante et se résumant principalement à quelques boutons sur l’écran. Boutons qui ont en plus le mauvais goût d’être souvent trop petits, trop serrés, trop mal expliqués. Globalement d’ailleurs, c’est tout l’affichage qui souffre de son origine. Le passage du PC à la petite console aurait dû amener l’ensemble des textes, icônes, boutons et autres aspects de l’interface, à être largement revu à la hausse en termes de taille et de visibilité. Ici, on plisse un peu des yeux pour lire quelques phrases aliasées, se tordant aussi l’esprit pour comprendre le sens d’un bouton, avec la peur de déclencher une action malvenue.
Au delà de l’interface, c’est un peu tout l’affichage qui souffre de ce passage sur Switch. Là où les versions PS4 et Xbox One réussissaient à jouer à jeu égal avec un PC correct, la petite console de Nintendo voit son niveau de détail tomber au plus bas. Aliasing, clipping, baisses de framerate, le jeu ne manque pas de rappeler que la machine atteint ses limites lorsqu’il faut afficher des villes complexes ou des caméras qui bougent trop vite. Pas de quoi crier au scandale, mais le downgrade est tout de même assez violent. Et encore plus quand on passe en mode TV.
A cela s’ajoutent quelques défauts que Tropico 6 se traîne depuis la plus-que-patchée version PC. Je citerai la traduction française trompeuse, capable de vous embrouiller dans vos missions, de vous mener sur de mauvaises pistes. Pire, la gestion des routes qui peut vous amener à détruire un bâtiment coûteux juste parce que le chemin qui mène à son entrée refuse de passer par une case précise, et que faute d’outil pour modeler le terrain, on ne peut rien y faire. Enfin, attendez vous à patienter 2 bonnes minutes avant de commencer à jouer votre partie, l’unique temps de chargement étant dans la catégorie “Super Costaud”.
Pourtant, malgré ses défauts nombreux et bien visibles, l’expérience Tropico reste agréable et passionnante sur Switch. C’est certes très inférieur à ce que l’on trouve sur PC, et on ne peut que regretter le niveau d’adaptation au support, mais si jouer à un tel jeu depuis votre canapé ou sous la couette peut compenser l’aspect graphique et quelques compromis sur la maniabilité, vous devriez profiter d’un contenu conséquent pour un jeu de gestion drôle et plus que sympathique. Car sans aucunement révolutionner le genre, Tropico 6 sait pimenter la gestion basique des ressources et de l’implantation de bâtiments avec des évènements et objectifs divers, histoire de renouveler votre intérêt pour cette jolie petite île qui est la vôtre. Cette version Switch est donc à conseiller à un public averti, amateur ou non de jeux de gestions, en recherche d’une expérience nomade aux compromis acceptables.
Tropico 6 sur Switch est un jeu agréable, passionnant même, et profitant d’une ambiance caribéenne à même de vous donner le sourire lors de vos longues soirées d’hiver. Il profite de tout le travail réalisé sur les versions PlayStation 4 et Xbox One, avec une interface certes imparfaite, mais qui permet de prendre la main sur ses nombreuses fonctions tout en profitant d’un contenu vraiment important. Reste que cette adaptation souffre évidemment de la puissance de la Switch, mais aussi d’une certaine paresse des développeurs. Trop proche de la version PC en termes de contrôles, et trop éloignée en termes de graphismes, cette édition dédiée à une console nomade aurait mérité plus de travail d’intégration pour alléger son interface et rendre l’aspect du jeu plus agréable. C’est donc une petite déception, qu’il faut peut accepter d’avance pour profiter de tout le potentiel offert par Tropico 6.
Note : 7/10
Test réalisé par Olive Roi du Bocal.
Copie fournie gracieusement par Koch Media.
- Catégories : Jeu de Gestion
- Plateformes : Switch, PC, PS4, Xbox One
- PEGI : 16
- Langues : 7 langues (dont Français, Anglais, Espagnol, …)
- Taille : 4618,00 MB
- Date de publication : 06/11/2020
- Développeur : Kalypso Media
- Éditeur : Koch Media
- Disponible en téléchargement et en boîte
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