Empire of Sin – Le test sur PC

Dire que le premier jeu du nouveau studio des époux Romero était attendu est un bel euphémisme. Quand on est à ce point une légende dans le monde du jeu vidéo, au même titre que Molyneux, Carmack ou Bleszinski, la moindre annonce conduit naturellement à avoir tous les projecteurs braqués sur soi. Cela peut être un bonne ou une mauvaise chose, pour qui se souvient de l’épisode Daikatana. Alors depuis, beaucoup de bière a coulé sous les ponts de Galway, Irlande, nouvelle patrie du designer de renom et la question que tout le monde se pose est : “Est-ce que l’Empire du Péché est bon?” (Avouez que cela sonne plutôt bien en français – petite pensée pour nos amis québecois qui ont sûrement dû se taper des titres comme Demi-vie, Solide Outil de Metal, ou encore Noir et Blanc – mais je m’égare…)

Je vais casser le suspens tout de suite :  Empire of Sin n’est pas un mauvais jeu. Il est loin d’être parfait, tout comme nombre de jeux actuels à leur sortie – allez voir en Pologne si j’y suis – mais les promesses sont globalement tenues et c’est ce qui compte. À vrai dire, moi-même j’attendais ce jeu, non pas comme le Messie, mais comme un bon jeu de 2020, et ce pour trois raisons. D’abord, les Romero. Ensuite, la prohibition. Enfin, Paradox Entertainment. Ayant joué à Stellaris et Crusader Kings III, je me suis bêtement dit que l’éditeur devait avoir une charte de qualité assez élevée et que le studio du développeur fantasque y répondrait. Je me suis rendu compte en jouant que mon idée n’était pas si bête, puis en jouant davantage, que c’était plus compliqué que cela.

Ahhh Chigago, son tramway, ses murs de brique rouge et sa pègre abondante

Les années bonheur

Ce qui saute tout d’abord aux yeux dès l’écran titre : l’interface. Très réussie, elle reproduit un style art déco tout le long du jeu (qui a joué à Bioshock ou au plus récent The Outer Worlds comprendra) du plus bel effet. Ensuite, avec la musique, l’ambiance années folles est donnée. On a tout de suite envie de jouer un gangster et d’étendre son empire mafieux au sein du Chicago des années trente, et première surprise, le jeu à l’instar d’un Civ VI vous proposera de choisir votre personnage parmi pas moins de quatorze big boss du crime ayant réellement existé. Vous pourrez jouer par exemple Angelo Genna, Stéphanie St Clair ou le célébrissime Al Capone. Chaque faction a ses particularités, par exemple les irlandais ont des bonus en production d’alcool et Goldie Garneau peut améliorer ses casinos pour moins cher. En sus vos leaders ont chacun leur pouvoir spécial à utiliser en combat car oui, au-delà de l’aspect gestion du titre qui peut paraître gadget bien qu’intéressant, il s’agit bien d’un X-COM-like.

Une des 14 leaders d’Empire of Sin

Un Flim sur le cyclimse ?

Qu’on se le dise derechef, nulle campagne scénarisée dans cet Empire of Sin, vous choisissez votre perso et vous commencez une campagne ponctuée d’évènements aléatoire avec un soupçon d’histoire comme dans un Stellaris ou un Civ. Est-ce un problème? Pour certains, j’imagine que oui, mais personnellement j’ai tellement d’heures sur le jeu de Sid Meyer que je préfèrerais presque ce genre de démarche. À partir de là, vous commencez avec votre gus et deux ou trois larbins pour dévaster des pelletées de gangs mineurs occupant des taudis afin de vous en emparer et de transformer lesdits bâtiments en authentiques lieux de perdition.

Moche ou mignonne, la carte stratégique ? Les goûts sont dans la nature…

 

Oui, vous allez avoir l’impression de jouer à House Flipper édition crime tellement vous allez devoir dérouiller des truands à la pelle afin d’installer votre emprise sur la ville. Certes, vous pouvez acheter de nouveaux bâtiments avec de l’argent, mais comme l’argent est le nerf de la guerre quand on parle de jeu de gangster, et bien vous préfèrerez toujours prendre les bâtiments d’assaut, notamment les bâtiments des factions ennemies puisque vous n’aurez pas à payer pour les rendre fonctionnels. Et c’est là que nous abordons un des gros défauts du jeu : la surabondance de combats et sa potentielle redondance.

Des combats, vous allez en voir des pelletées

Mitraillette à droite, Mitraillette à gauche

Le principal problème d’Empire of Sin est qu’il a le postérieur entre deux chaises. C’est un parti pris risqué que de développer un jeu mi-stratégie, mi-tactical. En effet, dans un tactical, les combats sont très redondants mais la répétitivité est compensée par la présence d’un scénario souvent prenant qui permet de toujours vouloir en savoir plus. Dans un jeu de stratégie, point de scénario mais des mécaniques très complexes et fines qui donnent aux jeux cette fameuse addictivité du “one last turn”. Attention je ne dirai pas qu’Empire of Sin n’est pas addictif. Il est très plaisant de jouer au mafieux et de faire monter son équipe en puissance car par ailleurs le jeu est pétri d’éléments RPG (achat d’armes, de mercenaires, d’items) qui font que l’on s’attache à sa partie. D’une part, les combats sont juste beaucoup trop nombreux (chaque fois que votre gang se fera attaquer par une IA, vous serez obligés de concéder ou de jouer le combat) et d’autre part, vous serez forcés de défendre avec des goons beaucoup plus faibles que votre escouade de choc et cela se révèle plutôt frustrant. Au-delà de ça, les autres combats sont fun et grisants, malgré une absence de destruction de décors qui fait un peu tache en 2020. C’est dommage, car si les combats avaient été parfaits, le jeu aurait pu figurer parmi les meilleurs de l’année.

Empire of Sin reste sans conteste un bon jeu de mafieux, si ce n’est un bon tactical. Profitant du fait que les jeux de gangsters soient peu représentés, du moins du point de vue stratégique, il vient combler un manque certain pour qui aime les Tommyguns et les dancings flashys. Seulement, malgré un gros travail sur les graphismes et l’ambiance sonore, le joueur peut être amené à s’ennuyer des combats insipides ou frustrants provoqués par les rencontres aléatoires en défense de base. C’est dommage car avec une base pareille, le jeu a clairement un gros potentiel pour évoluer. Espérons que les développeurs seront sensibles à ces appels du pied qui ne devraient pas nécessiter de trop gros rééquilibrages. En tout cas j’y crois pour 2021.

Note : Bon

 

Test réalisé par Tardigrade, merci à l’éditeur pour la copie fournie.

 

Catégories : Tactical/ gestion 

Plateformes :  PS4, Xbox One, Switch, Windows, Mac

PEGI : 16

Langues : Voix en anglais, sous titres français

Taille : 10 Gb

Date de publication : 01/12/2020

Développeur : Romero Games

Éditeur : Paradox Entertainment

DISPONIBLE EN BOITE

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