Test – Saints Row : Un reboot sur PS5 digne de ce nom ?

SAINTS ROW

De simulateur de vie de voyou à jeu de super-héros, la saga Saints Row a fait beaucoup de chemin depuis 2006, date du lancement du premier opus. Mais aujourd’hui, après avoir côtoyé les enfers, elle opte pour un nouveau départ. Nous accueillons donc Saints Row, reboot de la série, qui a pour objectif de donner un second souffle à cette franchise qui s’est perdue avec le temps. Reste à savoir si ça valait le coup…

Saints Row – Le trailer de lancement

RETOUR À LA CASE DÉPART

Oubliez les super-héros, Satan, le Penetrator ou encore l’insatiable et insupportable Johnny Gat, avec ce cru 2022 de la franchise Saints Row, Volition balaye d’un revers de manche toute l’histoire de Boss premier du nom, celui qui a fait ses premiers pas à Stilwater en tant que « playa » et régné sur la ville de Steelport à partir du troisième opus de la série. Eh oui, ce Saints Row met cette fois-ci le joueur dans les bottes de Boss second, un tout nouveau personnage que l’on peut une fois de plus créer de toute pièce. De la couleur de peau, à la texture, aux mèches de cheveux, en passant par la taille des seins et du pénis, tout peut être modulé à sa manière pour faire le Saints de ses rêves. Petit bémol cela dit, on ne peut toujours pas modifier la façon d’enfiler ses vêtements comme dans l’épisode de 2006 qui reste un exemple à suivre de ce côté-là. Il permettait de porter le pantalon en dessous des fesses, de mettre la casquette à l’envers ou sur le côté ou encore de choisir comment boutonné sa chemise.

Une fois le personnage de vos rêves établi, vous voilà plongé dans cette histoire inédite qui ne casse pas trois pattes à un canard, mais qui a le mérite de tout reprendre depuis le début. À la manière de Tony Montana dans Scarface de De Palma, le joueur va donc assister à l’ascension de son Saints : de gosse de rue qui n’arrive pas à payer son loyer au maître absolu de Santo Ileso, une toute nouvelle destination. Toutefois, malgré cette idée plus que bienvenue, on a beaucoup moins l’impression de faire véritablement partie d’un gang, mais plus d’un petit groupe de potes qui viennent parfois nous prêter main-forte lors de certaines missions. Les membres des Saints ne se baladent plus dans la ville comme autrefois, ce qui signifie qu’il n’est plus possible de recruter un ami à la volée pour partir semer la zizanie dans la métropole. Avec cet aspect en moins, le Boss perd de son pouvoir et est donc beaucoup moins crédible dans son rôle.

Heureusement, cet oubli est contrebalancé par l’arrivée d’une toute nouvelle idée. Désormais, le joueur peut assoir son emprise sur la ville en construisant ici et là des entreprises illégales. Une initiative réussie qui donne accès à des missions annexes qui prennent la forme d’Activités, des mini-jeux rigolos que les fans de la saga connaissent très bien. Même si encore une fois toutes les propositions ne se valent pas – Fraude à l’Assurance reste indéniablement le plus drôle du lot –, on peut apprécier leur mise en place bien plus organique qu’autrefois qui fait directement écho au fait que les Saints façonnent leur empire.

LE FUN COMME MAÏTRE MOT, ET CE, POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE

Même si le soft est un peu plus sage qu’autrefois, le maître mot de Saints Row reste « fun », celui qui est entré dans la franchise avec The Third. Le jeu vient alors avec des dizaines et des dizaines d’idées pour rendre le tout drôle, à commencer par les différentes punchlines que balancent régulièrement les personnages ou encore par l’arrivée du wingsuit qui permet de voler dans les airs. Malheureusement, ce terme prend une fois de plus toute la place, quitte à grignoter la qualité du reste. Si le soft peut amuser les premières heures par ses vraisemblances et ses situations loufoques, à force, cela peut ennuyer, tout simplement parce que le reste ne suit pas. Saints Row aurait pu être un TPS ultra-efficace, surtout avec ses finish-moves qui viennent ponctuer les affrontements et l’arrivée du Flux qui permettent d’activer des Capacités Ultimes (grenade anti-gravitationnelle, tirer plus vite que son ombre…), mais finalement c’est plat, ça manque de punch. Tout est lissé au profit du « fun », des situations rocambolesques qui ne sont pourtant plus autant en nombre. Certaines séquences peuvent donc amuser, mais d’autres ne sont clairement pas au niveau et font même souffler du nez, surtout quand le jeu, sans inspiration aucune, enchaîne les hordes d’ennemis à abattre dans des levels-designs absolument paresseux qui ne sont pas adaptés à toutes les difficultés. Parfois, c’est tout simplement impossible de passer une situation dans le niveau maximum tant rien n’a été pensé pour.

Même constat en ce qui concerne la partie conduite. Même si un effort a été fait de ce côté-là – c’est vraiment plus agréable manette en main que lors des précédents chapitres –, impossible de ne pas grincer des dents face à l’approximation des collisions qui, pour être clair, sont absentes. Cela vient gâcher toutes les courses-poursuites qui se veulent pourtant explosives avec l’arrivée de plusieurs idées qui dynamisent l’action, comme le fait de pouvoir monter sur le toit de sa propre voiture afin d’utiliser tout son arsenal ou bien d’avoir la possibilité de réaliser des takedowns à ses poursuivants, mais vu qu’il n’y a pas vraiment de système d’accrochages, à quoi bon envoyer un adversaire dans le décor ?

SANTO ILESO, LA CARTE DE RÊVE

Si Saints Row a beaucoup de faiblesse, il faut avouer que j’ai été charmé par sa toute nouvelle destination. Santo Ileso est une ville bien plus inspirée que Stilwater et Steelport réunis puisqu’elle ne se cantonne pas à singer l’architecture des métropoles du Nord de l’Amérique. Elle façonne tout un écosystème crédible qui fait voyager. Santo Ileso se regarde comme un parc d’attractions : avec fascination. Malgré un clipping prononcé, tous les environnements semblent réfléchis et proposent toujours quelque chose à voir, à découvrir : un avion écrasé dans le désert transformé en stand de tir, une rue piétonne traversée par un joli ruisseau, des motels reclus, des casinos par dizaines. Franchement, ce terrain de jeu est une réussite… enfin, sur le plan visuel.

Eh oui, Volition ne l’utilise pas à bon escient. Santo Ileso manque de vie : il n’y a plus cette dynamique que dégageaient Saints Row premier et deuxième du nom, ces personnages qui vaquent à leurs occupations, qui jouent aux dès dans la rue, qui réalisent leur course dans un drugstore ou qui font la queue au fast-food pour s’offrir une pause bien méritée. Ici, les passants semblent juste posés là, à errer dans la ville comme des robots. À cela s’ajoute le fait que la campagne principale du jeu – qui s’effectue en une quinzaine d’heures – n’exploite que rarement cette ville. Contrairement à autrefois où il était obligatoire de traverser la zone de jeu en long en large et en travers pour activer les missions, désormais, il est possible de lancer des objectifs à tout moment avec le téléphone de notre Saints, et ce, sans même prendre la peine d’aller au point de rendez-vous. On gagne alors en fluidité, ce que l’on perd en immersion. Chacun y trouvera son compte, j’imagine, mais pour moi, réaliser des courses d’un point A à un point B permet d’apprivoiser les dédales de la ville, d’apprendre à la connaître, de s’attacher à elle. Encore une fois, cet aspect « immédiat de l’action » vient mettre le fun en avant, en retirant tout ce qui peut être considéré comme chiant, mais accentue l’approximation de l’ensemble. Dommage.

 

Tout comme Saints Row : The Third, Saints Row est généreux, mais aussi ultra imprécis. Si le jeu peut faire sourire les premières heures, rapidement, le tout peut ennuyer à cause d’une approximation constante et d’un manque de renouvellement des situations ; la campagne principale se cantonne à enchaîner les gunfights pas toujours joyeux. Heureusement, le soft est sauvé par Santo Ileso, un open-world qui n’est pas forcément à la pointe côté technique, mais qui régale les yeux avec des panoramas variés et des structures inspirées qui semblent tout droit sortir d’un parc d’attractions. Saints Row, c’est donc un opus qui n’est pas au top, mais qui est peut-être le meilleur de la série depuis Saints Row 2. Maintenant, il ne reste plus qu’à espérer qu’un jour, peut-être, Volition arrivera à faire coexister « fun » avec « gameplay », mais pour cela, il faudra se montrer patient.

6/10

 

Test réalisé par Jerome Joffard, merci à l’éditeur pour la copie fournie.

Catégories : GTA-like, Bac-à-Sable

Plateformes : PC, PS4, PS5, One, Series X|S

PEGI : 18+

Langues : Textes en Français

Date de publication : 23/08/2022

  Développeur et Éditeur : Volition / Deep Silver

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