Arkham Horror : Mother’s Embrace – Le test sur PC

Arkham Horror : Mother’s Embrace

On se calme, remballez tout de suite vos grapins, vos capes et vos batarangs, nous ne partons pas dans l’asile d’Arkham propre à l’univers du Chevalier Noir, mais à Arkham, ville non moins fictive que l’asile du même nom, tirée de l’esprit de Howard Philip Lovecraft, célèbre auteur du début du XXème siècle.

Forcément, qui ne connaît pas un minimum le contenu des récits de H.P. Lovecraft sera un peu décontenancé par le jeu, lui-même une adaptation d’un jeu de plateau dont la première édition remonte à 1987 « Horreur à Arkham ». C’est tout naturellement que le studio Asmodee Digital, on ne peut plus spécialisé et reconnu dans les adaptations de jeux de plateaux en jeux vidéo, s’est attelé à ce portage inhabituel. Asmodee s’est brillamment fait connaitre pour ses adaptations réussies de jeux de plateaux tels que Carcassonne ou Mysterium, mais a connu des critiques plus tièdes avec la récente adaptation du jeu de cartes Game of Thrones. La question n’est pas de seulement savoir si l’adaptation est réussie, mais surtout de savoir si le jeu en lui-même vaut le détour.

L’action se déroule en 1926. Si l’on peut choisir au début de l’histoire notre investigateur principal, il sera vite rejoint par d’autres personnages au cours des différentes séquences de l’enquête qui se dessine tout au long de l’aventure. Notre personnage principal doit enquêter sur l’assassinat inattendu d’une professeure d’astronomie, vraisemblablement commis par les membres d’un culte sombre. A la manière d’un Darkest Dungeon, nos héros sont victimes de coup de stress à mesure qu’ils progressent dans chaque tableau, il faudra donc composer notre équipe avant chaque nouveau tableau en fonction de l’état dans lequel ils finiront le précédent et la difficulté imaginée du suivant.

L’histoire s’interrompt, pour laisser place à un combat à la sauce RPG-Tactical très classique.

Nos personnages devront par ailleurs gérer un (petit) inventaire, dont leur arme, soit au cours d’un tableau (découverte d’un objet en particulier pendant la fouille des divers points d’intérêts), soit entre deux missions. On peut donc faire circuler les objets critiques, comme les pansements (pour regagner de la santé) et les cigarettes (pour regagner un point de stress) entre les personnages.

Le schéma général de chaque tableau est malheureusement très classique, et respecte à la lettre la formule « clé – porte – combat – récompense », la récompense étant presque à chaque fois un indice supplémentaire pour faire avancer l’enquête. Hors combat, l’aventure est résumable à un point-and-click entrecoupé de dialogues entre les investigateurs, les PNJ plus ou moins en lien avec l’enquête… et la défunte qui, avec un certain humour, commente très régulièrement les actions des protagonistes. Les combats, quant à eux, sont au tour par tout comme tout RPG-Tactical oblige à les mener.

On va ici devoir chercher à ouvrir les deux portes, et lire ce qu’il y a sur le tableau… L’action des années 20, quoi !

L’on dispose de quelques points d’actions (généralement cinq) à répartir entre le déplacement d’un personnage, qui sera obligé s’il porte une arme blanche, l’attaque, l’utilisation d’objets, la concentration pour éventuellement intervenir plus rapidement au tour d’après, la vigilance pour attaquer un ennemi qui passerait dans son champ d’action d’ici la fin du tour, et c’est avec une certaine surprise qu’on peut constater que, pourvu qu’on ait suffisamment de points d’actions, l’on puisse attaquer deux fois un ennemi dans le même tour !

Que ce soit au cours de l’aventure ou pendant les combats, la gestion de la caméra et des déplacements des personnage restent très flous, donc vite frustrants, ce qui ajoute un stress supplémentaire à celui vécu au travers des personnages… Car oui, l’horreur vécue dans cette histoire n’est pas une horreur gore ou macabre comme on l’entendrait aujourd’hui mais bien comme celle imaginée et décrite par H.P. Lovecraft : nos héros sont face à l’inimaginable, à l’indescriptible, et même la simple fouille d’un corps peut provoquer un stress important. Comme pour la santé, les investigateurs disposent de points de stress, et si ce score tombe à zéro, un effet plus ou moins délicat à gérer se produit : par exemple, la peur incontrôlée de finir seul (si le porteur de cette affliction finit par être tout seul à la suite de la mort d’un de ses compagnons, la santé mentale se désagrège encore plus vite), ou la fragilité accentuée des objets portés par le personnage… et les objets sont très, très fragiles !

C’est évident : regarder un cadavre qui git au sol après avoir été profané par des ahuris en toge est stressant…

Pour accentuer un peu plus la difficulté, puisque les combats sont, hors stress, assez simples, une « Horloge de Mythe » menace, en haut à droite de l’écran : pour toute mauvaise action, l’horloge avance d’un cran, que l’on soit en combat ou pas. Le Mythe puise complètement dans l’univers de H.P. Lovecraft, faisant intervenir le bestiaire bien connu des amateurs de cet auteur. Petit hic : aucun indice ne nous est donné pour éviter de faire avancer cette Horloge, soumise aux aléas du jeu. Par exemple, en cliquant sur un corps au sol, on aura la possibilité de « le tâter », « le fouiller », ou « le retourner », chacune de ces options pouvant provoquer l’Horloge, laquelle est tout à fait susceptible d’avancer de deux crans si vous ne cliquez par sur la bonne option dès le départ.

Comme pour toute bonne enquête, il ne convient pas de révéler ici les rebondissements de la trame principale, mais d’inviter les joueurs à la prudence. Si les jeux à dialogue vous agacent, si vous supportez mal la frustration liée aux problèmes de caméras ou aux erreurs de micro-management, si la physique et le gameplay dépassés vous irritent, il faut mieux passer votre chemin. Si, au contraire, l’univers de H.P. Lovecraft vous est familier, voire mieux, vous connaissez le jeu de plateau, et vous comprenez que le choix physique de Asmodee colle très bien à la période où se passe l’action, si vous aimez les enquêtes tortueuses et des dialogues de qualité, alors ce titre pourra vous convenir.

Ça n’allait déjà pas bien fort avant, cette enquête est en train de virer chocolat !


Asmodee nous livre un titre tout à fait fidèle au matériau de base, mais qui pêche tout de même trop si on ne le regarde que sous l’angle du pur jeu vidéo : caméra capricieuse, graphismes paresseux, gameplay suranné, ce n’est pas la meilleure combinaison. Mais, tout n’est pas à jeter, puisque sont réussis la retranscription de l’ambiance des années folles américaines dans un contexte fantastique et horrifique en phase avec l’univers lovecraftien, accompagné de dialogues que les amateurs du genre ne manqueront pas d’apprécier.

Note : 5/10

Test réalisé par Whackangel, merci à l’éditeur pour la copie fournie.

 

Catégories : Aventure, Tactical-RPG, Point’n’click
Plateforme : PC, Xbox Series X, Nintendo Switch
Langues : Français intégral
Taille : 5Go
Date de sortie : 23 mars 2021
Développeur : Asmodee Digital 
Editeur : Asmodee Digital 
Disponible sur Steam

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