Sakuna : of Rice and Ruin – Le test sur PS4

Sakuna : of Rice and Ruin

Catégories : Simulation, Action, Aventure… Agriculture

Plateformes : PS4, Xbox One, Switch, PC

PEGI : 16

Langues : Anglais, Japonais, Coréen, Chinois

Taille : 7GO

Date de publication : 10/11/2020

  Développeur : Edelweiss

Éditeur : Marvelous Europe

Disponible en téléchargement et en boîte

Développé par le studio indépendant japonais Edelweiss (notamment connu pour Astebreed), Sakuna, jeu d’action-aventure mettant en scène une déesse de la récolte face à des démons, a su attiser la curiosité puis l’envie au fur et à mesure des années et des présentations. Du titre un poil atypique édité par Xseed où le joueur devra affronter des démons mais aussi cultiver du riz pour augmenter sa force, se dégageaient de doux parfums de l’ère Playstation 2 et de ces jeux parfois conceptuels japonais. Évidemment, à l’époque des présentations, l’ambiance japonaise médiévale ainsi que la revisite de ses mythes dans un jeu alliant la modernité et l’ancien, était l’un des arguments de vente de celui-ci. Au final, après des dizaines d’heures de jeu, certaines attentes ne sont pas entièrement satisfaites.

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L’histoire de Sakuna est assez simple. Après un quiproquo avec des humains, Sakuna, déesse de la récolte, se retrouve bannie de sa demeure divine par la grande déesse de la création, Lady Kamuhitsuki. Celle-ci se retrouve, avec les humains, sur l’île des démons. Sa mission est de reprendre le contrôle de ces terres pour pouvoir revenir vivre dans le royaume céleste. Évidemment, lorsque cette petite troupe se retrouve sur l’île infestée de menaces, tout est à faire. Il va falloir combattre pour reprendre le contrôle de l’île mais aussi cultiver, chasser pour se sustenter. La petite particularité est que Sakuna tire sa puissance du riz. L’accent sera donc mis sur la riziculture pour que nos individus puissent rapidement s’échapper de l’île.

Vous l’avez compris, Sakuna : Of Rice And Ruin ne brille pas par un scénario original ou des personnages savamment écrits. Cependant, l’intérêt du jeu d’Edelweiss n’est pas là. Certes, les personnages sont stéréotypés (Kinta le jeune rebelle, Myrthe la douce étrangère, Kaimaru l’enfant sauvage du groupe etc.), mais les liens, les blagues ou les piques lancées entre les personnages fonctionnent parfaitement. Il arrive de sourire face à une Sakuna hautaine qui prend donc tout le monde de haut et qui se fait décontenancer par les moqueries de Kinta ou encore de Yui. De plus, le jeu a la bonne idée de ne pas divulguer des informations sur ces personnages d’un bloc mais de les distiller au fur et à mesure de l’avancée dans l’aventure lors des repas ou de quelques cuts-scènes. Certains personnages comme Myrthe ou Tauemon trouvent presque une certaine profondeur à la fin du jeu. Nous sommes loin des cadors de la narration de l’industrie vidéoludique mais un effort indéniable a été fait pour construire des personnages consistants à défaut d’être originaux.

Concernant les personnages et les ennemis en général, le point où le bât blesse réellement est le chara-design. Il est vraiment peu inventif. Visuellement, on a déjà vu mille fois ces personnages. Même Sakuna, personnage principal, ne brille pas par un charisme évident. C’est d’autant plus dommage au regard de certains artworks assez jolis que nous avons pu voir ces dernières années.

Sakuna : Of Rice And Ruin se décompose essentiellement en deux axes principaux. La culture du riz et l’exploration/combats sur l’île. Cependant, la culture de ce riz a une grande influence sur ce qui peut advenir de Sakuna durant les combats.
Pour que Sakuna développe sa force – et que tout le monde puisse se nourrir -, le jeu développe une sorte de simulation de la riziculture. Il faudra labourer le sol, enlever les pierres, planter les graines, arroser le sol, le fertiliser, le protéger du froid, enlever les mauvaises herbes et j’en passe. Tout se fait à la « main » à travers des QTE ou des boutons sur lesquels appuyer à répétition.

Honnêtement, les premières fois sont assez grisantes. On essaye de planter les graines de façon à avoir un beau champ, de labourer consciencieusement chaque recoin du terrain et d’arracher chaque mauvaise herbe qui briserait l’harmonie de notre culture. Ces actions sont importantes car elles influent sur le niveau global de Sakuna. Selon les actions réussies et les fertilisants utilisés pour le sol, les statistiques de Sakuna augmentent en conséquence (force, vitalité, magie etc.). De plus, après chaque plantation et un certain laps de temps vient le temps de la moisson. Il faut alors répéter d’autres actions comme ramasser les gerbes pour les faire sécher ou encore écosser le riz. A travers des actions répétitives et une gestion du temps (le jeu a un système de saison), Sakuna est une sorte de Shenmue de 2020 où on apprend aux joueurs la patience et à s’imprégner d’une ambiance reposante. De nos jours, c’est un pari très osé.

Malheureusement, ce pari est à moitié réussi. Au départ, la proposition est alléchante mais on se rend vite compte des limites. Répéter les mêmes actions, les mêmes QTE encore et encore devient à la longue pénible. Il est impossible d’automatiser tous les processus. Il est parfois possible de laisser un autre personnage faire une action à votre place mais la qualité de la récolte en pâtira et donc le niveau de Sakuna. Par conséquent, on fait tout nous-même. Au bout de dix heures de jeu, on se met à ressentir la même fatigue que le personnage face aux tâches agricoles à accomplir. La tâche d’écosser le riz étant la pire. Pour avoir un riz immaculé, il faudra faire haut et bas de manière répétée pendant de très longues secondes. Un véritable enfer au bout de la cinquième fois. Toutefois, les développeurs ont été conscients que ces tâches redondantes pouvaient rebuter les joueurs. Par conséquent, à force de répétition, Sakuna acquiert des « farming skills » permettant, entre autres, d’aller plus vite sur certaines tâches.

Pour casser ce rythme, Sakuna n’est pas uniquement un « farming simulator » japonais mais est également un jeu de combat.

Contrairement à la phase agriculture qui se déroule dans une 3D classique, les phases de combats sont en 2D.5 tel un Bloostained : Ritual Of The Night sorti en 2019. Dans des niveaux au level design peu inspiré, Sakuna affronte des démons comme des lapins, des hiboux, des piranhas ou encore des squelettes. Le bestiaire n’a rien de très excitant, sans compter qu’il est sans cesse recyclé.
La partie combat en elle-même est plutôt satisfaisante. Les combos sont relativement nombreux pour peu qu’on utilise toutes les techniques proposées par le jeu. De plus, ces combos sont faciles à faire voir modulables car c’est au joueur d’attribuer les techniques aux touches. Vous avez dû mal à sortir l’attaque tournoyante avec haut, bas, rond ? Vous pouvez assigner cette attaque à l’unique touche rond. Les joueurs expérimentés crieront à une simplification du système de combat, les autres apprécieront de pouvoir choisir leur manière de jouer.
Globalement, si les combats sont relativement amusants, on regrettera le manque de ressenti manette en main. En effet, malgré des techniques qui montent de niveaux à force de les utiliser, on ne ressent que rarement l’impact de nos coups sur l’ennemi et donc la montée en puissance de l’héroïne. Certains ennemis ne bougent même pas et se préparent à vous attaquer tranquillement malgré l’avalanche de coups qu’ils reçoivent. Par contre, la réciprocité n’est pas de mise… Le moindre coup interrompra vos combos.

Si Sakuna : Of Rice and Ruin s’ancre en partie dans la tradition vidéoludique du passé, il n’oublie pas son année de production. Vous aurez droit aux crafts pour les armes, les vêtements. Vous aurez la possibilité d’enchanter les armes pour avoir des HP en plus, des buffs permanents. Ces mêmes enchantements gagnent des niveaux et deviennent plus puissants et ainsi de suite. Sur ce point, Sakuna vise les joueurs du présent avec ces features peu intéressantes tant elles n’inventent rien.

Pourquoi passer autant de temps sur ces aspects du jeu alors que qu’il peine parfois à suivre sur le plan technique ? Le titre d’Edelweiss n’est pas vilain et souffre de peu de ralentissements mais il peut être assimilé à un jeu de fin de génération PS3/360. Ici et là, certains effets sont convaincants comme ces bulles d’eau pouvant transporter Sakuna mais l’ensemble reste moyen.
Surtout, ce sont certains bugs qui sont vraiment gênants. Les ennemis peuvent se retrouver coincés dans le décor, le personnage principal également même s’il suffit de bourriner la touche saut pour s’en sortir. Cela arrive rarement mais c’est pénible quand le niveau réclame, par exemple, de tuer tous les ennemis pour le finir. Un ennemi coincé… Un niveau à recommencer.

Sakuna : Of Rice and Ruin n’est pas un mauvais jeu. Les personnages fonctionnent, le système de combat également. La partie riziculture a le mérite de tenter quelque chose d’original malgré sa répétitivité après deux-trois heures de jeu.
La répétitivité est un peu le problème global. Elle se retrouve dans la boucle de gameplay, dans les QTE à faire, dans l’évolution de l’aventure. Cette monotonie probablement en partie voulue par les développeurs ne fonctionne plus du tout au bout de quelques heures. Les bases d’un excellent jeu sont pourtant posées.

 

6/10

 

Test réalisé par Gwoka, merci à l’éditeur pour la copie fournie.

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