Soul Searching – Le test sur Nintendo Switch

Catégories : Aventure narrative, Survie

Plateformes : Switch, PC

PEGI : 16+

Langues : Textes en anglais et turc

Taille : 416,24 MB

Date de publication : 25/10/2019

  Développeur : Kayabros

Éditeur : QubicGames

Disponible en téléchargement

Si vous êtes du genre à réfléchir sur la vie, la raison de l’existence de l’espèce humaine et de son éventuelle vacuité ou si vous êtes tout simplement un fan de Lost, le jeu indépendant de Kayabros est peut-être fait pour vous. En effet, Soul Searching est un jeu de survie narratif en pixel art. A travers ce titre, l’objectif des développeurs est de vous faire réfléchir, philosopher même sur votre existence ainsi que sur votre rapport aux autres et au monde. Tout un programme, en somme.
L’histoire de Soul Searching est simple. Vous incarnez un homme ou une femme qui part de son île natale sur un simple bateau à la recherche d’âmes et de l’île des dragons. Vous l’aurez rapidement compris, le but n’est pas l’arrivée mais plutôt le voyage. Durant votre périple et votre rencontre, des questions plus ou moins existentielles se poseront à vous. Qu’est-ce que l’Amour ? La vie vaut-elle d’être vécue malgré l’ennui ? Qu’est-ce que la mort ? Ce test ne vous donnera pas la réponse à ces questions mais il pourra vous aiguiller sur la manière d’appréhender Soul Searching, un titre pas si commun mais qui se révèle trop fainéant.

Avant toutes considérations philosophiques, il faut savoir que Soul Searching est un jeu de survie. Vous partez de votre île natale sur un simple petit bateau avec un peu d’eau et des fruits. Durant votre voyage, vous devez gérer la vie de votre avatar à travers essentiellement trois barres : la faim, la soif, l’énergie. Durant votre périple sur mer, ces barres descendront plus ou moins rapidement. Si une barre se vide, c’est la mort assurée. Pour éviter cela, Soul Searching ne vous laisse pas sans possibilité. Sur les différentes îles, vous trouverez des points d’eau pour étancher votre soif et de la nourriture pour vous sustenter. Vous pouvez également prendre de la nourriture et de l’eau sur votre bateau si vous sentez que le voyage risque d’être agité ou très long. Pour être honnête, la gestion de sa survie est très basique dans Soul Searching, vous serez rarement en rade d’eau ou de poissons à manger pour éviter le trépas. De plus, vous avez la possibilité d’upgrader le navire sur lequel vous naviguez pour faciliter un peu plus les choses. Le bateau ne va pas assez vite ? A la prochaine île, un moteur plus performant sera disponible contre quelques pièces d’or facilement trouvables en mer ou sur terre. Vous vous sentez un peu à l’étroit sur votre île flottante ? Pas de soucis, un navire digne du Black Pearl vous attendra sur une autre île. Soul Searching est facile, beaucoup trop facile pour un jeu de survie. On ne ressent jamais ou très rarement la pression de devoir absolument se reposer ou se nourrir avant la mort, surtout que la plupart des îles sont à des distances réduites.

Pourtant, Kayabros tente de rendre la vie des joueurs difficile. Toutes proportions gardées, à la manière d’un Zelda : Breath of The Wild, l’environnement vous posera quelques problèmes. Parfois, la tempête soufflera pour faire dériver votre embarcation de la direction voulue. Si ce n’est pas la tempête, la foudre pourra embraser en partie votre construction flottante. Et si cela ne suffit pas, des dragons et des monstres marins viendront vous empêcher de mener tranquillement votre vie. Malheureusement, concernant les différents monstres du jeu, leurs apparitions sont très scriptées. Selon l’île sur laquelle vous souhaitez accoster, un monstre apparaitra. Que vous passiez par le nord ou le sud, le monstre fera toujours son apparition pour vous empêcher d’arrimer. Ces passages scriptés cassent l’immersion et cette sensation de danger que l’on pourrait ressentir face à l’immensité de l’océan et de ses monstruosités. Au final, le joueur prend rapidement conscience que le danger se fera surtout à l’approche d’une île et qu’il faudra foncer pour échapper aux flammes d’un dragon par exemple. Nous sommes bien loin de la difficulté ou de la complexité d’un « Don’t Starve » de Klei Entertainment.

On sent surtout que l’attention des développeurs et des scénaristes s’est portée sur les histoires, les questions existentialistes qui peuvent envahir la vie des personnages de Soul Searching et par extension le joueur qui contrôle l’avatar. Pour évoquer ces questions, Kayabros utilise plusieurs procédés. Tout d’abord, chaque île visitée a son propre thème. Par exemple, sur « Volcano Island », les personnages vivent dans une caverne par peur du monde extérieur et de ses dangers. Tous les personnages à qui vous parlerez évoqueront leurs peurs à l’idée de sortir ou leurs envies de découvrir un monde dangereux mais peut-être plus intéressant. Évidemment, cela fait référence à la caverne de Platon dont l’allégorie évoquait la difficile accession de l’Homme à la connaissance (dans les grandes lignes). Sur une autre île plongée dans un brouillard dense, les personnages vivent dans l’alcoolisme en se posant la question de la condition humaine… Rien de très joyeux mais ces questions peuvent trouver un écho chez le joueur. Pour tenter de faire réfléchir, Soul Seaching utilise des réminiscences du passé de votre avatar à travers des scénettes en noir et gris jouables où l’on se verra coincé dans un énorme embouteillage, ou encore en proie à la difficulté d’avouer son amour à la personne aimée. L’intérêt est ici de se questionner sur sa propre vie et de réfléchir à son rapport social ou intime à l’autre. Malheureusement, pour réussir son pari, le studio Kayabros utilise tellement de poncifs que cela en devient agaçant. Rien n’est vraiment suggéré, tout est surligné par des dialogues ou des scènes que l’on a vues, lu des milliers de fois. Par conséquent, l’effet est inverse. On décrypte facilement les scènes et on finit par être blasé par tant de naïveté.

Cependant, les développeurs ne sont pas radins en contenus. Si le mode « Story » ne vous plait pas, vous avez la possibilité de faire des mini-jeux (« Short Stories ») … sans grand intérêt sur le plan du gameplay. Au nombre de 7, il y a, en vrac, une partie de basket entre deux adolescents ressemblant à « La Linea » qui discutent de l’attraction de l’un deux envers une camarade de classe. Il suffit d’appuyer sur le bouton A pour lancer le ballon tout en voyant des lignes de dialogues passer. Il y a également une phase de plate-forme psychédélique où vous incarnerez un poisson ou encore un shoot them up sur l’inutilité ou non du jeu vidéo, sur nos vies à travers une voix off irritante. Toutes ces petites histoires ont un gameplay très approximatif (mention spéciale à la phase de plateforme de « Dumb Fishes ») et un intérêt proche du zéro. Cela ressemble à des petits projets étudiants que les développeurs ont voulu implanter dans Soul Searching pour varier les thèmes abordés.
Si vous n’êtes pas encore rassasié, un mode multijoueur est également disponible avec la possibilité de jouer à quatre. Le but est d’explorer à plusieurs l’univers de Soul Searching, mais il n’y a pas de réelles mécaniques d’entraide. Par conséquent, comme le mode principal, l’intérêt reste limité.

Les minijeux…

 

Soul Searching opte pour un rendu ressemblant à du Minecraft en vue du dessus, en légèrement moins cubique. Sans être transcendants et manquant parfois de finesse, les graphismes font le travail. Le rendu des gouttes de pluie sur l’océan est plutôt bien fait contrairement à d’autres effets comme la fumée ou les flammes.
Là où le jeu fait bonne impression c’est surtout sur le plan du sound design et de la musique. Encore une fois, Soul Searching n’excelle pas dans ce domaine mais le bruit du vent lors d’une virée en mer, le cri des mouettes, le grondement de la foudre permettent de s’immerger un peu mieux dans l’univers dépeint par Kayabros.
De plus, les musiques présentes dans le jeu sont en total adéquation avec les émotions diverses que les développeurs veulent insuffler dans notre périple. Tantôt triste, tantôt reposante, elle ne fait jamais défaut aux sous-textes qu’elle soutient. En ce sens, c’est une véritable réussite. Si Soul Searching avait su allier les graphismes à sa bande-son, il aurait réussi son pari de l’ambiance à défaut d’avoir un bon gameplay.

En somme, Soul Searching souhaite surtout tenir un propos plutôt qu’un jeu. Le gameplay est trop simpliste, le jeu est trop facile pour être amusant. Il ne lui reste alors que des questions existentielles à soulever et à mettre en parallèle avec la vie du joueur. Seulement, les sujets ne sont pas assez travaillés ou amenés d’une manière tellement grossière que cela ne laisse finalement pas de place à une réelle profondeur dans une réflexion existentialiste. Des jeux comme « Journey » de Thatgamecompagny ou « Shadow of Colossus » de Fumito Ueda ont su laisser place à ce type de réflexion sans surligner leurs sous-textes et en travaillant mieux sur le rapport entre l’infiniment petit et l’infiniment grand. Soul Searching ne réussit jamais là où ses maitres ont réussi.

Test réalisé par Gwoka sur une version offerte par Qubic Games.

Merci à eux !

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