Lost Judgment : plaisir coupable ? – Le test sur Xbox Series X
Deuxième opus de la série Judgment, elle-même spin-off de la série Yakuza, l’équipe de Ryū ga Gotoku Studio (studio Yakuza en France) nous propose de retrouver à nouveau Yagami, détective de choc pour une suite attendue par les fans du premier jeu.
Judgment avait été testé dans nos colonnes par Midnailah en version PS4 ainsi que sa version upgrade nextgen par Jérôme Joffard sur PS5.
Pour ma part, j’ai découvert la série Yakuza, un peu sur le tard, en tâtonnant du Yakuza 2 sur PS2. A l’époque, Shenmue résonnait encore beaucoup dans mon esprit, et j’avais du mal avec ce jeu typé un peu trop arcade à mon gout. L’essence zen et le visage grave de Ryo Hazuki, détonnait forcément un peu avec le délire décalé de Yakuza. J’ai finalement redécouvert la série sur PlayStation 3 avec Yakuza 4, et j’ai ensuite repris plaisir sur les opus suivants, pour reprendre enfin les Kiwami, et terminer sur Yakuza 6, avec un ending très satisfaisant pour Kazuma.
Un peu overdosé par la série finalement, j’avais décidé de faire une pause. Je ne m’étais donc pas intéressé au 7, ni à Judgment qui malgré ses promesses d’un jeu différent, ne m’avait pas semblé si à part de la série Yakuza dans ce que j’avais pu voir.
Je reprends malgré tout le pied à l’étrier pour vérifier le tournant qu’a pu prendre le studio « Yakuza », et voir ce que peut donner Lost Judgment sur une console nextgen.
Pour cette suite, nous retrouvons donc Yagami, et son collègue et ami, l’ex-Yakuza Kaito, en quête de nouvelles affaires dans leur bureau de Kamurochô. Contactés par leur amis Fumiya Sugiura et Makoto Tsukumo, devenus également détectives à plein temps, ils vont se retrouver entrainés dans une affaire de meurtre sombre et complexe, sur fond de harcèlement scolaire, ce qui nécessitera de devoir parcourir le nouveau district d’Ijincho situé dans la ville de Yokohama. L’histoire est forte et prenante mais pas complétement dénuée de clichés malheureusement. Elle parlera particulièrement aux personnes ayant subi des harcèlements scolaires (ou non), sans fournir néanmoins de morale toute faite sur le sujet, ce qui laisse finalement la question en suspens.
Au fil de l’histoire, il faut démêler le vrai du faux et trouver les véritables coupables au cours d’une enquête mouvementée qui débute dans les couloirs d’un lycée et se termine (presque) au sein d’un tribunal avec Yagami qui reprend son badge d’avocat pour l’occasion.
Découpé en 13 chapitres, le jeu nous emmène donc dans différents lieux au cours des enquêtes, avec parfois quelques phases de gameplay particulières spécifiques à la série.
Comme dans le premier jeu, on y retrouve des courses poursuites, des filatures, des preuves à trouver dans des zones spécifiques, des infiltrations, du «parkour» et enfin quelques dialogues à choix multiples qui sont censés mettre en avant nos talents d’enquêteurs.
Ces phases ne sont cependant pas toujours très sexy, et même parfois anecdotiques. En cause des dialogues qui se résolvent en faisant simplement le tour des preuves ou des réponses possibles, des courses poursuites qui se résument à tourner en « rond » pendant 3-4 tours jusqu’à attraper l’ennemi, des zones à scanner jusqu’à plus soif pour parfois « allumer un interrupteur » visible sur le côté de la porte, et des infiltrations complétement absurdes avec un Yagami qui semble avoir perdu tous ses moyens pour se faire attraper et secouer comme un pruneau et se retrouver à terre en cas de découverte par les ennemis.
On sent vraiment la volonté des développeurs d’avoir ajouté comme une surcouche aux Yakuza d’origine pour essayer de démarquer le jeu, sans jamais vraiment aller au fond du sujet, et c’est assez dommage.
Pour se déplacer dans les deux quartiers, on retrouve bien entendu les sempiternels taxis, que l’on peut appeler de n’ importe où sans se déplacer grâce à l’appli adéquate sur le smartphone de notre héros. Le skateboard est également de retour, même s’il reste peu pratique et maniable : il se déclenche de façon pas innée du tout, et surtout il très difficile d’en profiter dans certaines zones, remplies de véhicules et de piétons, sans parler du fait qu’il est rangé dès que l’on touche un trottoir… Fausse bonne idée pour ma part.
Bien entendu, les combats eux sont nombreux et sont toujours la force des deux séries.
Un nouveau style de combat a été ajouté aux deux présents dans le premier opus, pour plus de variété dans les mouvements, ainsi que de nouvelles attaques spéciales. Yagami est toujours un combattant hors pair et devient surpuissant au fur et à mesure de notre avancée dans le jeu grâce a un « arbre » de compétence que l’on peut améliorer. Combos, super attaque, finish, on retrouve toute l’essence et le fun des combats, avec parfois de l’aide de ses collègues, pour des attaques groupées plutôt amusantes. Pensons tout de même à faire le plein de boissons & victuailles car certains combats nous donnent du fil à retordre, surtout sur la fin.
A l’histoire principale, s’ajoute évidement bon nombre d’histoires secondaires, qui sont relativement originales et apportent un peu d’humour et de fraicheur à la trame principale qui est, elle, assez dure et sérieuse en comparaison. Vous pouvez par exemple faire des courses de drones, entrainer un club de danses, ou réaliser des enquêtes avec le club des mystères du Lycée d’Ijincho. Des graffitis d’écureuils sont également à trouver dans les rues de Kamurocho & Ijincho, nécessitant d’utiliser votre équipement d’enquêteur pour débloquer des objets spéciaux. Une bonne durée de vie en perspective pour ceux qui souhaitent en faire le tour, compter environ 16-18h pour l’histoire principale et au moins autant pour les quêtes secondaires qui sont parfois assez difficiles et nécessitent des conditions particulières pour être débloquées.
Pour le reste, on retrouvera bien entendu bon nombre de boutiques, restaurants, jeux de fléchettes, frappe de balles de baseball et salles d’arcades SEGA typiques, encore une fois des jeux des studios Yakuza. Bon nombre de jeux sont d’ailleurs praticables dans ces salles d’arcade, avec même un ersatz d’House of dead dans les rues de Kamurocho, parfaitement réalisé. Côté jeu vidéo ingame, on a aussi la possibilité de mettre la main sur des cartouches de Master System pour y jouer dans les bureaux de Kamurocho. La touche SEGA est toujours aussi présente, et parlera forcément aux fans de la marque.
Votre téléphone servira à nouveau d’outil à tout faire, avec bon nombre d’applications qui permettent d’accéder à son inventaire, aux gadgets pour les enquêtes, au résumé des missions en cours, à appeler un taxi, à son arbre de compétence, bref l’indispensable modernité de notre époque parfaitement représentée, ce qui fait qu’on l’utilise de manière fluide.
Un petit mot sur la localisation française du jeu, qui est, pour ma part, assez catastrophique par rapport à la version audio anglaise. J’avoue ne pas savoir si le jeu a été traduit du japonais vers le français directement, ou si l’équipe s’est permise des largesses au niveau du sens des phrases, mais ça m’a particulièrement gêné tout du long. Qu’on ne fasse pas du littéral, évidement, mais de là à transformer les phrases et le sens d’origine, je n’ai pas compris l’intérêt.
Niveau musique et ambiance sonore, bien entendu les deux quartiers jouables sont pleins de vie, l’ambiance est au top, avec en plus une musique dynamique qui change selon le style choisit lors des combats. Les doubleurs sont en forme et jouent parfaitement bien leur rôles respectifs, en surjouant certains passages absurdes comme on le voit souvent dans les Yakuza.
Le Dragon engine découvert initialement sur Yakuza 6 rend toujours aussi bien, avec des personnages très détaillés et des balades dans les rues toujours aussi agréables esthétiquement parlant (d’autant plus de nuit). Reste cependant qu’on est loin d’avoir un rendu nextgen sur nos consoles fraichement sorties et que l’on n’a pas du tout la sensation que le jeu exploite leur potentiel. On imagine le rendu très similaire sur les maintenant old-gen PS4 & Xbox One.
Certaines phases de dialogue sont par contre rendues avec des personnages un peu trop statiques et robotiques, ce qui contraste avec le reste des cinématiques du jeu.
Quelques bugs de manques de doublage sont aussi présents, avec des phrases non parlées à l’écran, ni en sous-titres, mais qui sont pourtant jouées sur l’audio. C’est rare mais ça arrive tout de même plusieurs fois.
Voici également quelques vidéos qui concernent plusieurs heures du jeu, pour vous donner un aperçu supplémentaire sur Lost Judment.
Ne cherchant jamais à complétement s’écarter de la série Yakuza, Lost Judgment est décevant sur ce point. L’histoire principale étant très/trop bavarde (syndrome Metal Gear ?) et n’utilisant que rarement les spécificités de ce spin-off, voire parfois de manière très maladroite, on ne peut que regretter de se croire dans un clone de Kiryu dans 99% du jeu avec quelques touches par-ci par-là de gameplay d’enquêtes pur mais souvent bancale. Au final, le titre se résume souvent à des dialogues, un déplacement vers un autre lieu, des dialogues, un combat, des dialogues, une touche d’enquête et encore des dialogues. On subit l’histoire principale plus qu’on y participe. Il faudra aller chercher dans les quêtes secondaires ou dans l’exploration de la ville pour vraiment profiter du gameplay.
Pire encore, on découvre des nouvelles façons d’enquêter dans les histoires secondaires du jeu, que l’on n’aura jamais pu voir dans la trame principale, ce qui aurait été appréciable cela dit. Le fun est bien entendu présent dans les nombreux mini jeux présents, et les combats toujours aussi jouissifs.
Alors bien entendu, les fans de la série originelle, y trouveront sans problème leur compte, mais il faudra probablement aller voir ailleurs pour une touche d’originalité. Je suis donc assez mitigé sur l’intérêt d’avoir créé ce spin-off, qui malgré son histoire bien plus ancrée dans l’aire moderne, reste plutôt timide dans son originalité, avec toujours un fond d’histoire sur les gangs de rues, les restes des Yakuza, finalement.
A réserver aux puristes du genre, et aux fans des jeux du studio Ryū ga Gotoku.
Peut mieux faire
Lost Judgment
Catégories : Action/Aventure
Plateformes : PS4,PS5,Xbox One, Xbox series
PEGI : 18
Langues : Voix anglaises, japonaises, sous titres multilingues
Taille : 36 GB
Date de publication : 24/09/2021
Développeur : Ryû ga Gotoku Studio
Éditeur : Sega
Disponible en téléchargement et en boîte
Test réalisé par Ombr6, merci à Koch Média pour la copie fournie.
Suite à un problème de captures d’écrans sur ma Xbox Series X, une partie de cet article est illustré avec des captures issues du kit presse fourni par l’éditeur.